SPIROU & FANTASIO passagers...

Spirou et Fantasio sont assez souvent... conduits, parfois involontairement, à se faire véhiculer de concert à bord d'un véhicule que pilote un autre personnage - en dehors bien sûr des taxis dont c'est la vocation, et qui ont ici leurs pages spécifiques. Ce sont ces moments que l'on cherche à recenser sur cette page, en adoptant - une fois n'est pas coutume - l'ordre chronologique des véhicules (fortement corrélé à celui des Aventures); sans s'interdire, au besoin, un regroupement par marques.
La publication du "Maître des hosties noires", de Schwartz et Yann, nous a conduit à y ajouter les voitures à bord desquelles Spirou seul est invité; elle sont distinguées par un fond bleu très clair dans le pavé technique correspondant.
Ceci permet d'enrichir encore la galerie des automobiles et autres engins à 4 roues qui traversent les Aventures de Spirou et Fantasio, pour notre plus grande joie !
Bien entendu, une fois de plus s'agissant de voitures, Franquin se taille la part du lion... Mais d'autres Artistes éprouvent visiblement aussi un vif plaisir à dessiner des Automobiles originales, ce dont nous ne les remercierons jamais assez !

N.B. : Les dates indiquées pour les aventures, s'il y a lieu, sont (sauf exception) celles de la publication dans l'hebdo, qui peut être très antérieure à l'Album correspondant.
 

Table alphabétique des Marques représentées


PEUGEOT


Voir la notice consacrée à Peugeot sur la page des voitures françaises de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Vitesse maxi

Quadrilette type 172
Torpédo
1923-1924
4 CV
4 en ligne
667 cc
9,5 cv
60 km/h
André FRANQUIN :
Radar le robot (1947)
(Intégrale tome 1)


Une petite ville de province est terrorisée par une guimbarde folle sans conducteur... Spirou et Fantasio, venus pour enquêter, décident aussitôt d'intervenir; Spirou réussit à grimper à bord de l'étrange voiture, qui l'emmène chez son non moins étrange propriétaire...
Plus tard dans l'épisode, Spirou prend à distance le contrôle de l'engin, qui embarque Fantasio au passage...

La voiture semble évoquer une Peugeot Quadrilette type 172... Dans l'esprit de la Bébé Peugeot conçue par Ettore Bugatti dans les années 1910, la première Quadrilette (type 161), présentée à la presse fin 1919, rentre dans les normes permettant alors d’obtenir des avantages fiscaux. Avec ses voies très étroites, elle accueille deux personnes en tandem. Son quatre cylindres à culasse non détachable de 667 cm3 développe 9,5 ch. et l’entraîne à 60 km/h. Il est fixé sur un châssis léger en tôles pliées. La transmission est assurée par une boîte-pont à trois rapports sans différentiel. Sa suspension est dépourvue d’amortisseurs. Son système de freinage est une commande à main sur une roue arrière, celle à pied agissant sur l’autre roue.
Lui succède en 1923 le Type 172; la nouvelle Quadrilette gagne 4 cm en largeur - autorisant 2 places côte à côte, ainsi qu’un démarreur et un éclairage électriques. Ses ailes sont allongées, et son arrière est en pointe.

Le dessin est ici fort approximatif : il faut une dose de bonne volonté pour y reconnaître une Quadrilette... Les phares fixés sur les ailes sont certes typiques du modèle, et les ouïes verticales du capot à peu près conformes; ajoutons-y le grand pare-brise vertical en 2 parties, le bouchon de radiateur en hauteur, et les roues fil que l'on voit bien ci-dessus (à gauche) - mais les ailes, par exemple, sont arrondies dans la réalité... tandis que la calandre l'est moins; surtout, l'arrière devrait être en pointe...
N.B. : Il sera construit au total 8.705 exemplaires de la Quadilette type 172, entre 1923 et 1924.

TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Vitesse maxi

172 R
Torpédo
1926
5 CV
4 en ligne
720 cc
11 cv
60 km/h
André FRANQUIN :
L'Héritage (1946 / 47)
(Intégrale tome 1)


Spirou et Fantasio partent en Afrique à la recherche d'un mystérieux trésor légué par le feu oncle de Spirou. Ils arrivent à Mababi, au Congo belge, chez un vieil ami de l'oncle Spirou, M. Wellwell, qui les emmène à travers la brousse jusqu'à la cachette de l'héritage à bord de cette antique torpédo que l'on peut rapprocher d'une Peugeot 172 R de 1926...

La 5 CV type 172 BC, puis R, succède à la 4 CV Quadrilette II (type 172), et assure l'entrée de gamme Peugeot à partie de 1925.
La 172 R est une évolution plus spacieuse de la 172 BC de 1924/25. Franquin s'inspire, semble-t-il, du modèle 1926, doté d'une portière côté conducteur (au contraire de la 172 BC, qui reçoit de ce côté une roue de secours, comme la 5 HP Citroën avant elle); il conserve par ailleurs les phares si caractéristiques fixés au sommet des ailes (ils émigreront devant la calandre en 1927).
Le dessin reste cependant approximatif : les phares désignent bien le modèle, les ouïes verticales du capot sont à peu près conformes; ajoutons les roues à voile plein - mais les ailes, par exemple, sont arrondies dans la réalité... tandis que la calandre l'est moins.
N.B. : Il sera construit au total 48.285 exemplaires de la 5 CV type 172, toutes variantes confondues, de 1924 à 1929. Lui succédera (fin 1928) la 5 CV type 190, puis la 201 dès 1929...
LINCOLN


Pendant la première Guerre mondiale, le gouvernement américain contacte la General Motors pour fabriquer des moteurs d’avion de type « Liberty », que sa division Cadillac pourrait réaliser en modifiant un peu le moteur V8 de ses voitures. Henry Martin Leland, président fondateur de la marque, se montre enthousiaste, mais le président de G. M. s'y oppose; ce désaccord entraîne aussitôt la démission de Leland. Le 29 août 1917, à 74 ans, Leland fonde alors la Lincoln Motor Company, pour produire le moteur Liberty.

Après Guerre, il reconvertit l'usine pour construire une voiture de luxe à moteur V8 similaire à la Cadillac : la Lincoln L (L comme Leland). Lancée en 1920. la Lincoln L est une voiture bien construite et performante, mais son prix et son manque de style en limitent la diffusion. Lincoln ne vend ainsi que 150 type L en ce début 1922...
La situation financière périclite au point que c'est bientôt la faillite. Pour sauver sa société de la liquidation, Leland lui cherche un repreneur. Il se tourne vers Henry Ford, qui accepte de racheter Lincoln le 4 février 1922. Leland en reste président, mais Edsel Ford (le fils d'Henry) devient vice-président.
Ford veut faire de Lincoln sa division de prestige. Sous la conduite d'Edsel, Lincoln devient une affaire rentable; les ventes remontent à 5.512 véhicules de mars à décembre 1922. Mais la mise en œuvre des méthodes de Ford apparaît comme une ingérence insupportable pour Leland, qui  démissionne en juin 1922. Lincoln deviendra officiellement une simple division de Ford en 1940.

D'un dessin moins ostentatoire que ceux de son concurrent Cadillac, les modèles Lincoln connaissent aussi une diffusion moindre. Mais la Zephyr en 1936, puis la Continental en 1939 vont marquer le style automobile américain.
Ce sont plus tard les lignes sobres et rectilignes de la Continental de 1961 qui enterreront la mode des ailerons souvent outranciers adornant les voitures américaines des années 1950. Sa descendante des années 1980 reste également l'archétype de la « limo » américaine au châssis démesurément allongé.

C'est en 1990 que la marque a enregistré son record de ventes annuelles, avec 230.000 véhicules (chiffre qui n'a fait que baisser depuis...)
En 1998 Lincoln est le premier constructeur de luxe américain qui intègre un modèle SUV à sa gamme, avec le Navigator, dont la 4ème génération voit le jour en 2018.
De nos jours, la marque dépend essentiellement des marchés nord-américain et chinois, dans un rapport actuel de 2 à 1 en faveur des USA, où ses meilleures ventes sont réalisées par le Nautilus, un véhicule thermique ou "hybride" à 5 places produit en... Chine ! Sa dernière nouveauté est une version recarrossée du gros Navigator à 7/8 places (moteur V6 3L5 biturbo).
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Vitesse maxi

Zephyr
Cabriolet 2 portes
1938
V12
4.380 cc
110 cv/3900 t/m
140 km/h
Stanislas [Barthélémy] :
Spirou & Fantasio à St-Nazaire (2013)
(Spirou n° 3944; Recueil 333)

En 2013, pour les 75 ans de Spirou, fut organisée une série de manifestations itinérantes, le Tour Spirou, dont l'une des étapes fut la Bretagne, représentée par Rennes. À cette occasion, le n° 3944 de l'hebdo publia l'épisode Spirou & Fantasio à Saint-Nazaire, signé par Stanislas [Barthélémy] (né à Rennes), vestige d'un ouaneshote jadis projeté avec L. Trondheim sur le thème du Héros. Fantasio, avec Spirou à bord, y conduit sa Citroën type C; étourdi à son habitude, il brûle un "stop"... et est heurté par un cabriolet Lincoln Zéphyr, qui s'avère être celui du... capitaine Haddock et de Tintin !! (on les distingue à peine bien sûr... mais l'on y entend le célèbre "Mille sabords !"). Tintin et Haddock prennent alors en charge Spirou et Fantasio pour les emmener au port de Saint-Nazaire, où ils doivent s'embarquer pour l'Amérique...

Cette Lincoln Zephyr est celle que Haddock conduit dans Les sept boules de cristal (1943-1946) :



  ... Et voilà comment une étude des Voitures de Spirou et Fantasio conduit à en présenter une de... Tintin !! (merci, m'sieur Stanislas...)

Présentée le 2 novembre 1935 pour l'année-modèle 1936, la Lincoln Zephyr était extrêmement moderne, dotée d'une ligne aérodynamique. Ce fut d'ailleurs l'une des premières voitures aérodynamiques à succès après l'échec de la Chrysler Airflow. Son coefficient de traînée était même plus faible  que celui de l'Airflow. La Zephyr réussit à relancer les ventes de Lincoln à la fin des années 1930; la première année, 15 000 en furent vendues, représentant 80% des ventes totales de Lincoln.
La ligne générale du modèle est celle des années 1938-1941. Le cabriolet 2 portes (Convertible Coupe) apparaît en 1938. Les motifs latéraux du capot, en particulier, désignent très clairement et précisément l'année-modèle 1938.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Vitesse maxi
0-100 km/h

Continental
Berline
1962
V8-90°
7.044 cc
304 PS / 4100 t/m
197 km/h
11"
ELRIC, Lemoine & Baril :
La Baie des Cochons (2024)
(Spirou Classique n° 1)

Dans cet album, premier titre de la nouvelle série d'albums Spirou Classique, nous voici replongés en 1961... Nos héros sont envoyés en reportage à Nouillorque pour couvrir un sommet de l'ONU, où Fidel Castro doit prendre la parole. Ils sont "accueillis" à l'aéroport, disons... fraîchement (surtout pour Fantasio !), lorsque survient une vieille connaissance : Longpaying, l'un des inventeurs du G.A.G., que Spirou doit lui remettre. Longplaying conduit alors nos héros à leur hôtel (Shelburne) à bord de cette majestueuse Lincoln Continental (gén. 4, 1961 - 1969)...
Curieusement, le modèle représenté est celui de... l'année-modèle 1962 ! (celui de 1961 présente une sorte de "moustache" (!) qui vient traverser la calandre au milieu des phares; elle se réduit à une simple barre chromée horizontale en 1962).

Voici une vue intérieure de cette Lincoln :


TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance

Town Car (III) Stretched Limousine
Limousine
1998–2002
V8
4,6 L
205 / 239 cv
YOANN & VEHLMANN :
Justicier malgré lui (2019)
(Supergroom, tome 1)



De retour de Palombie, où ils ont retrouvé LE Marsupilami, Spirou et Fantasio font un détour par la Californie, plus précisément à Hollywood (Los Angeles). ils répondent ainsi à l'invitation de l'actrice Blythe Presloweky (rencontrée... sur la lune !), à l'occasion de son nouveau tournage. Les voici en route vers les studios à bord de cette Lincoln Town Car ultra longue !

Chez Lincoln (marque de prestige du groupe Ford), Town Car désigna d'abord une version de la Continental, avant de devenir un modèle à part entière fin 1979. La Town Car fut produite, en 3 générations successives, jusqu'en 2011. C'est en avril 1997 que Lincoln présente la troisième génération (pour une commercialisation en novembre), avec des touches stylistiques de Mercury Grand Marquis et de Ford Crown Victoria; mais la Lincoln se distingue par un niveau d'équipement et de finition nettement supérieurs à ses cousines. Sa production, devenue entièrement canadienne, cessera le 29 août 2011; lui succèdera chez Lincoln [Canada] la MKT Town Car Limousine, à moteur V6.
Les "Stretch Limo" sont des versions exclusives de la Town Car, avec un empattement démesurément allongé, et un équipement intérieur ultra luxueux...
Le modèle qui conduit ici nos amis est antérieur au restylage de 2003.

CITROËN


Voir la notice consacrée à Citroën sur la page des Citroën de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Charge utile
Vitesse maxi

45 ?
fourgon surélevé
1939-1952
17 CV
6 en ligne (essence)
4.580 cc
73 cv / 2500 t/m
3 200 kg
60 km/h
SCHWARTZ & YANN :
Le Maître des hosties noires (2017)



Spirou et Fantasio ont accompagné Aniota au Congo pour l'aider à rendre un fétiche à la tribu des femmes-léopards en Urugondolo. Lors de la traversée d'un fleuve, Spirou tombe accidentellement à l'eau, et est recueilli par un missionnaire belge qui passait par là au volant de ce fourgon Citroën...
Yann : « Le père Lebouc, le missionnaire qui sauve la mise à Spirou, est inspiré d’un authentique personnage, le père Van Haelst, qui se revendiquait missionnaire sans paroisse, et faisait le tour du Congo pour projeter les Aventures de Mata Mata et Pili Pili, façon Laurel et Hardy. En plus, son camion était bien pratique pour véhiculer Spirou dans cet immense pays. »

Citroën fabrique de petits utilitaires depuis le type A (1919). Octobre 1926 : l’on ne parle pas encore de poids lourd, mais un pas significatif est accompli avec la sortie du B15, sur base mécanique de la B 14, offrant, pour la première fois chez Citroën, une charge utile de 1.000 kg; c'est aussi le premier véhicule utilitaire français à cabine fermée. Le premier "vrai" camion Citroën est le type 29, de 2.900 kg de charge utile (ou 3,2 T carrosserie comprise), à moteur 6 cylindres de 2.650 cc délivrant 53 cv, qui est présenté au Salon, en octobre 1933.
Apparaîtront ensuite les types 45, à moteur 6 cylindres de 4,6 L. et 73 cv, et 23 (moteur 4 cylindres dérivé de celui de la Traction 11 cv), commercialisés tous deux à partir du Salon de Paris d'octobre 1935.
Ces deux camions arborent le double chevron qui s'est installé en majesté sur les grilles de calandre des modèles Citroën, voitures (gamme entièrement renouvelée en 1933 avec les Rosalie) comme utilitaires, depuis l'apparition des premières Traction en 1934.

D'après d'éminents spécialistes des camions Citroën d'avant-guerre, consultés via un forum, le type du fourgon du missionnaire ne semble pas très clair : « J'ai l'impression de voir deux véhicules différents entre le dessin du haut et celui de droite. Je pencherais pour l'hypothèse d'un véhicule "hybride" entre un type 45 et un type 23 :
  • Le premier camion (dessin du haut) évoque parfaitement un U23 : proportions générale, longueurs et forme du capot, ainsi que 6 tocs plutôt rapprochés du centre de la roue.
  • Pour le second dessin cependant, cela serait plutôt le type 45 qui domine. En particulier a cause de la forme de l'avant assez caractéristique : une grande calandre verticale qui dépasse de l'avant des ailes (alors que le U23 a une calandre clairement oblique, et enfoncée entre les ailes loin du pare-chocs); les roues ne sont plus les mêmes car plus de 6 tocs (8 je dirais), très excentrés sur la jante.
Les ailes plates apparaissent en 1939, à l'entrée en guerre [pour des raisons économiques], et resteront jusqu'au milieu des années 50 (52 ou 53). Pour la carrosserie, l'inspiration peut venir de grands carrossiers français, belges, hollandais, etc, comme de petits artisans locaux, très nombreux à l'époque. » [vifs remerciements à Thibaut, du forum lescolverts].

Nous retiendrons ici l'hypothèse du type 45, de 1939 au plus tôt donc; ce poids lourd vient couronner la gamme en 1935. Comme toujours chez Citroën, le nombre "45" désigne la charge totale (4.500 kgs) du véhicule, carrosserie comprise. Il s'agit d'un châssis normal (ou court) de 3,6 m d'empattement (4,6m pour un châssis long). Pour l'Afrique Noire à cette époque, nous postulons un moteur à essence. Cette carrosserie de fourgon n'est bien sûr pas d'usine, qui n'en fabriquait pas de semblable de série.

N.-B. : Le type 45 sera remplacé en 1953 par le "55", qui n'est qu'un "45" doté d'une nouvelle carrosserie... [on en voit un dans ce même album... en 1947 !!]
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi

11 Légère [Light Fifteen]
berline
1947-1948
4 en ligne
1.911 cc
57 cv / 3800 t/m
1.070 kgs
120 km/h
FRANQUIN :
Il y a un sorcier à Champignac (1950/51)
(Intégrale tome 2)



Hercule, de la bande à Valentino, a dérobé les flacons de X1 et X2 du Comte. Poursuivi, il entraîne Spirou et Fantasio à sa suite jusqu'au repaire de ses complices, où vient les traquer une Traction de la police belge, sous la direction de Fantasio. Les bandits s'enfuient à bord d'une autre Traction, et sont pris en chasse par celle de la police, avec Spirou et Fantasio à bord...
Cette Traction est une 11 BL, ou 11 Légère en Belgique, reconnaissable (entre autres) à ses panneaux de custode étroits. Cette partie de l'Aventure étant publiée en 1951, le modèle date de 1950/51 au plus tard. Les 11 BL françaises jusqu'à cette date n'avaient pas de clignotants sur les ailes AV, bien visibles sur le dessin de Franquin : il s'agit donc d'un modèle vendu sur le marché belge. Les versions fabriquées en Belgique, dans l'usine de Forest (au sud-ouest de Bruxelles), avaient des clignotants à l'avant, mais dans le bas des ailes; de plus, ces modèles avaient à l'AR une plaque minéralogique rectangulaire au milieu du pare-chocs... Alors ?...
... Alors, en 1947/48, la demande intérieure pour ce modèle en Belgique fut telle que la filiale belge de Citroën dut importer des 11 Légère anglaises, appelées outre-Manche Light Fifteen... Ces modèles ont bien eux des clignotants situés en haut des ailes AV, et à l'AR une plaque située sur l'aile (comme en France).
On reconnaît, sur cette version "belgicisée", la plaque minéralogique AV rectangulaire typique des modèles de Forest (elle est encore courbe en France), fixée sur un pare-chocs AV cintré (il est rectiligne sur les Light 15 anglaises).
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
1000 m. DA

Méhari
cabriolet
1969-1977
3 CV
2 à plat
602 cc
33 cv / 7000 t/m
525 kg
110 km/h
47,1"
FOURNIER :
Le Gri-gri du Niokolo Koba (1973/74)
(Intégrale tome 10)


Spirou et Fantasio débarquent au Sénégal en compagnie de Sété Bagaré, apparenté au féticheur propriétaire d'un gri-gri que nos deux amis lui rapportent. Sété Bagaré les conduit au cœur du parc du Niokolo-Koba, au village de Siminti, où ils prennent une chambre à l'hôtel. Là, ils apprennent que des animaux disparaissent en masse du Parc...
Au matin, ils apprennent que le conservateur du Parc a été enlevé durant la nuit, et que le major Pluchon Park, l'un des résidents de l'hôtel, vu son grade, prenait le commandement face à une tribu sur le pied de guerre, et consignait provisoirement tout le monde !
Intervient alors... Ororéa, qui était en reportage dans le Parc, et qui permet à nos amis de fuir l'hôtel dans sa Citroën Méhari...

La Citroën Méhari est une voiture de plein air à la carrosserie en plastique ABS, offrant deux places (quatre en option), produite par Citroën entre 1968 et 1987.
Dès 1963, en Côte d'ivoire, des industriels français avaient eu l'idée de fabriquer, sur base de 2 CV Citroën, une jeep légère dotée d'une carrosserie rustique (mais métallique) facilement réalisable avec une simple plieuse à tôle. Baptisée Baby-Brousse, cette voiture évoque déjà nettement la future Méhari par son aspect. Voiture utilitaire avant tout, la Baby-Brousse se prêtait aussi à un usage récréatif comme voiture de plage. En seront fabriqués plus de 31.000 exemplaires jusqu'en 1979. Citroën en ayant acheté la licence en 1969, des variantes de la Baby-Brousse seront construites  en Iran (1970-1979), comme au Chili (la Yagan, 1972 - 1976, 651 ex.). Dans le même esprit naîtront la Dalat au Vietnam du Sud (1970 - 1975, 5.000 ex.), ou la Pony en Grèce qui en dérive (17.000 ex.), etc.
 
La Méhari reprend la plate-forme de la 2 CV AK fourgonnette, et est équipée du moteur de 602 cm3 de l'Ami 6. Hormis la carrosserie et la bâche, les pièces composant la voiture proviennent pour l'essentiel d'autres modèles de la marque : moteur / boîte de vitesses / train avant d'Ami 6, volant de 2 CV, roues, phares, essuie-glaces, freins à main de Dyane, feux arrière du fourgon Type H.
Le lancement de la Méhari le 11 mai 1968 à Deauville passa inaperçu en raison des événements. La première année de fabrication (1968), la voiture sera assemblée en petite série à Bezons (Val-d'Oise), à partie de pièces mécaniques fournies par les usines du groupe ; puis avec la montée en puissance des commandes, la Méhari sera en majorité construite en Belgique (usine de  Forest), mais aussi en Espagne et au Portugal. Elle fut produite au total à 144 953 exemplaires.

La Méhari d'Ororéa est un modèle datant au plus tôt de l'année-modèle 1970 (modèles construits à partir de septembre 1969), lorsqu'apparaissent trois moulures de renfort à la base du pare-brise (bien visibles sur le dessin de Fournier). La voiture restera ensuite sans grands changements extérieurs jusqu'au Salon 1977, où la voiture reçoit une nouvelle calandre démontable.
On notera toutefois ici des clignotants avant rectangulaires sous les phares, qui n'ont figuré que sur les modèles de pré-série (1968) ! Sur les modèles de série, à partir du Salon d'octobre 1968, ils ont émigré vers les ailes, au niveau des phares (tout en restant rectangulaires, mais verticaux); en 1970, ils prennent place à l'extérieur des phares, et deviennent ronds...

TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi

2 CV Spécial
limousine
1978-1990
2 puis 3 CV
2 à plat
435 puis 602 cc
24 puis 29 cv DIN/5750 t/m
560 puis 580 kg
102 puis 115 km/h
YOANN & VEHLMANN :
Le Fantaspeed (2006)
(Les Géants pétrifiés - TL Khani)


Lorsque MM. Tome et Janry condescendirent à dételer, au vif soulagement de beaucoup aux Éditions Dupuis, se posa la question de leur remplacement. Dans un premier temps, l’Éditeur choisit Vehlmann comme scénariste, à charge pour lui de trouver un dessinateur... Il confia alors le scénario d'une histoire courte en 5 pages à plusieurs d'entre eux, dont Yoann...
... Ce qui nous valut ce petit bijou, le Fantaspeed, publié en prologue d'un album confidentiel (ci-contre, marge de gauche).
Fantasio a donné rendez-vous à Spirou et un ami commun dans une brasserie pour leur présenter une nouvelle machine volante... Ils l'attendent depuis 3 h., lorsqu'enfin il arrive... L'engin, mis en marche par inadvertance, entraîne alors Fantasio dans les airs avec des mouvements désordonnés ! Aussitôt, Spirou presse la patronne de la brasserie de prendre sa voiture, une 2 CV, pour se lancer à sa poursuite...

La calandre de la voiture, avec ses chevrons descendus sur la grille, apparut sur les 2 CV au salon 1974; mais, simultanément, les phares devinrent carrés... Au Salon suivant, en 1975, Citroën présenta une nouvelle 2 CV en bas de gamme, la Spécial, qui retrouvait les phares ronds d'antan (ceux du type H en fait); mais il s'agit d'une berline (sans glaces de custode)... C'est au Salon 1978 (pour l'année-modèle 1979) que la 2 CV Spécial devient une limousine (6 glaces latérales), comme ses sœurs plus huppées... C'est donc un modèle Spécial de 1978 au plus tôt qu'emprunte Spirou dans cette Aventure.
Son manque de puissance ayant jusqu'ici nui à sa diffusion, la 2 CV Spécial devient, pour l'année-modèle 1980, une... 3 cv fiscaux (!) en recevant le moteur 602 cc de sa grande sœur 2 CV 6 [Club], dont elle reprend aussi le nom, devenant 2 CV 6 Spécial.
Début 1988, la production des 2 CV est délocalisée au Portugal... en augmentant de prix !! C'est finalement à la toute fin de juillet 1990 que les 5 dernières 2cv Spécial ("1991" !...) sortent des chaînes...
 
N.B. : Le travail de Clarke sur le même sujet, que l'on peut admirer directement sur son blogue, fait intervenir une VW Coccinelle. Cet épisode étant encore malheureusement inédit, il n'y a évidemment pas lieu d'en tenir compte ici.

ZIS  (Zil)


Le constructeur ZIS (qui deviendra ZIL) tire son origine de la firme moscovite AMO (Avtomobilnoïe Moskovskoïe Obchtchestvo, « Société Automobile Moscovite »), créée en 1916 pour participer au programme gouvernemental destiné à créer une industrie automobile russe. L'usine (alors en mains privées) AMO s'est retrouvée chargée de fabriquer les premiers camions russes, sous licence Fiat. Mais les bouleversements politiques survenus ensuite en Russie, ainsi que la Grande Guerre, firent que le premier exemplaire de pré-série de l'AMO type F-15 (correspondant au camion Fiat 15Ter) quitta seulement l'usine dans la nuit du 1er novembre 1924; sa production en série démarrera en mars 1925, et durera, sous diverses variantes (dont une version autobus), jusqu'à fin 1931.

Fin 1933, l’usine AMO, déplacée et reconstruite, est rebaptisée ZIS, pour Zavod Ijmeni Stalina ("Usine Staline"), et produira des camions civils et militaires sous cette marque. Le premier modèle fabriqué dans cette nouvelle usine sera le camion ZiS-5 (copie du camion américain Autocar "Dispatch"). La marque AMO continuera aussi à être utilisée pour les camions.

En 1936, ZIS reprend la fabrication de la L-1, une luxueuse limousine huit cylindres en ligne (inspirée par la Buick 90 de 1931) construite depuis 1933 à Leningrad par l’usine « Krasniï Poulitovets ».

Cette voiture fait place en fin d'année à la première vraie ZIS : la 101, une limousine inspirée par Buick et Cadillac. Modernisée, avec un moteur plus puissant et une carrosserie légèrement modifiée, elle est renommée 101A en 1940, et reste en production jusqu’en 1941.

Pendant la guerre, ZIS a produit environ 100 000 camions et ambulances (à partir de 1942) - dont 83.000 exemplaires du camion ZiS-5.

En 1944, l’URSS négocie le rachat des chaînes de production de la Packard Super Eight (série 160), à l’arrêt depuis 1942. La nouvelle limousine ZIS, la 110, prête à l’été 1945, reste très proche de l'américaine. De cette limousine dériveront un torpédo (type 110B), et même une ambulance (type 110A). Quelques exemplaires à 4 roues motrices ont également été réalisés; comme les versions blindées, ils disposaient d’un moteur poussé à 162 ch. La production des 110 ira jusqu’en 1958, avec plus de 2.000 voitures fabriquées au total.

De ZIS à ZIL
En 1956, suite à la politique de déstalinisation, l’entreprise est renommée « ZIL », pour Zavod Imeni Likhatchiova (du nom d’un ancien directeur de l’usine).

En marge de la fabrication des camions civils et militaire sous la marque AMO, à la fin des années 1950, l’usine moscovite se fait livrer une Chrysler Imperial et deux Packard, qui vont inspirer le style de la nouvelle ZIL 111, produite à partir de 1959. Première voiture soviétique à utiliser cette architecture mécanique, elle est motorisée par un V8 de 6 L. En 1963, un restylage la rapproche du style des Cadillac Fleetwood. La 111 sera fabriquée à... 112 exemplaires (dont quelques cabriolets de parade) jusqu’en 1967.

Elle est remplacée en novembre 1967 par la 114, une limousine longue de 6,30 m, qui s’inspire des Chrysler Imperial de l'époque. La 114 sera épaulée à partir de 1971 par une 117 à empattement raccourci de 58 cm. Ces deux voitures n’ont pratiquement pas évolué jusqu’à leur arrêt en 1985.

Version actualisée des 114 et 117, la limousine ZIL 115 (type 4104) est présentée en novembre 1978. La face avant accueille désormais une imposante calandre carrée inspirée des Rolls-Royce. La 4104 a été fabriquée jusqu’en 1983 à 106 exemplaires.

Lui succède en 1985 la ZIL 41041. Cette berline 5 places avait un empattement de 3,3 m, et une mécanique améliorée (V8 de 7,7 litres développant 311 ch). Officiellement produite jusqu’en 2000, il n'en fut construit que 26 exemplaires. Elle était accompagnée d'une limousine 7 places (modèle 41047), Les consommations (essence) pouvaient aller de 17 litres aux 100 km (pour la ZIL 41041) à 25 litres (41047) , voire 65 pour la version blindée (modèle pour chef d'État, type 41052 : 5,5 tonnes !).

Le prototype d'une grosse limousine à traction avant (type 4102) a été testé à la fin des années 1980, mais ce projet fut abandonné en raison de son coût.

Après la chute de l’URSS : recentrage sur les utilitaires... et fin de partie !
En 1992, l'usine a conçu le camion 53-01 Taureau, sur la base d’un modèle Mercedes. De petits autobus furent créés à partir de ce véhicule. Jusqu'en 1994, l'usine a produit un « vétéran » - le camion ZIL 130 (lancé en... 1964 !); mais il ne pouvait plus lutter contre les véhicules étrangers modernes. Durant ces années 1990, l'usine commence à subir des pertes en raison de la concurrence des modèles chinois, moins onéreux.

ZIL abandonne officiellement sa division "voitures" au cours de l'année-modèle 2002, se recentrant sur sa gamme de mini-bus, camionnettes et camions, commercialisés sous la marque ZIL.
Toutefois, en 2003, la firme présente encore un prototype de limousine (ZIL 4112), qui tombera aux oubliettes faute de clients potentiels.
En 2007, la société relance partiellement son activité de voitures de prestige, pour restaurer des modèles anciens, produisant également 5 à 7 limousines ZIL 41047 par an pour des collectionneurs privés.
En 2010, un cabriolet 410441 est développé sur la base de la 41047, et défile lors de la parade commémorant la victoire russe sur l’Allemagne.

En 2012, une limousine ZiL 4112R, à six portes, a été spécialement conçue pour le chef de l'État russe. Dotée d'un moteur de 7,7 litres, elle pèse 3,5 tonnes, et peut atteindre 200 km/h. Elle peut accueillir six personnes : deux à l'avant et quatre à l'arrière sur deux rangées de sièges baquets orientés vers l'avant. Esthétiquement, la 4112-R est similaire aux limousines des années 1970 / 1980; le style a été rajeuni avec des pare-chocs en plastique couleur carrosserie, une calandre chromée et des feux arrière modernes.
Il s'agissait de la dernière commande exécutée par ZIL.
L'ultime véhicule produit quittera l'usine ZiL en 2015, sous la forme d'un tracteur routier bleu, type 43276T...

Après l'échec de pourparlers avec Renault et Fiat pour produire des véhicules industriels de ces firmes, l’usine ZIL a officiellement fermé ses portes en 2013. En 2015, la plupart des bâtiments sont démantelés. Le terrain de l'usine, au sud-est de Moscou, est désormais le théâtre d’un immense chantier; à sa place verront le jour un quartier résidentiel, et un parc industriel...

TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Empattement
Poids à vide
Vitesse maxi

110B
cabriolet 4 portes
1949 - 1957
8 en ligne
6. 005 cc
140 cv SAE / 3600 t/mn
3760 mm
2. 575 kg
140 km/h
TARRIN & NEIDHARDT :
Spirou chez les Soviets (2019)
(Spirou Classique n° [0])


 
Le comte de Champignac a disparu ! Il a été enlevé par des agents du KGB... Des savants russes ont besoin de ses connaissances mycologiques pour les aider à répandre le gène du communisme dans le monde entier grâce à un champignon rare. Dans le contexte de la guerre froide, Spirou et Fantasio s'envolent pour Moscou, et réussissent, non sans peine, à franchir la douane soviétique sous couvert d'un prétendu reportage pour Vaillant (Pif Gadget), le journal communiste de l'époque. Grâce à Spip, Spirou a réussi à savoir où le comte est retenu prisonnier... Pour s'introduire dans la place, il s'accroche à l'arrière d'une voiture officielle qui se présente à l'entrée (reprenant, en clin d’œil, un stratagème déjà mis en œuvre par Tintin derrière une Chrisler CM Six dans « Le Lotus bleu », et que Franquin avait lui-même mis en scène pour Spirou déjà, avec la 4 CV de Zantafio; Bravo aussi l'a utilisé).


La voiture qui entre opportunément devant Spirou à l'Institut du Cerveau, où Champignac est retenu prisonnier, est cette ZIS 110B cabriolet 4 portes noire, un type de carrosserie absente de la gamme Packard Super Eight, et dérivée par ZIS de la limousine; elle fut produite en petite série à partir de 1949. Cet exemplaire comporte un troisième phare central additionnel au-dessus de la calandre, comme sur la voiture ci-dessous :


Noter que ce type de voiture de parade était plutôt destinée aux hauts dirigeants du régime... Il est douteux qu'un simple KapitaИ puisse rouler en ZIS 110b... Une GAZ Volga, voire Tchaïka au mieux, serait plus congrue à ce grade.... Mais ne boudons pas notre plaisir de pouvoir admirer ce superbe modèle !



DODGE


Voir la notice consacrée à DODGE sur la page des voitures américaines de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0- 100 km/h

D34 Coronet Sierra
Station-wagon 4 p.
1950
6 en ligne
3.772 cc
104 cv SAE/3600 t/mn
1.770 kg
130 km/h
27,9 s
FRANQUIN :
Mystère à la frontière [1952]
(Intégrale tome 1)


 
Mystère à la frontière parut dans Spirou en bandes de 2 cases (découpage d'origine que l'on peut retrouver dans le tome 2 de l'Intégrale Rombaldi); pour l'album n° 3 (Les Chapeaux noirs), publié en 1952, l'histoire fut redécoupée en (alors) classiques bandes de 3 cases. Ceci provoqua l'apparition d'une case vide entre les pages publiées dans les n°s 651 et 652... Franquin combla ce qui correspondait opportunément à une ellipse narrative (l'accident, puis une chambre de clinique), par cette représentation d'une ambulance Dodge filant vers le lieu de l'accident, pour y recueillir Spirou, Fantasio et deux bandits.
Ce choix manifeste bien l'attrait de Franquin pour les voitures aux lignes "exotiques" aux yeux du lecteur européen (moins toutefois en Belgique...). Il choisit ce qui est incontestablement un break (station-wagon) Dodge 1950, avec une calandre dotée de 3 barres horizontales, dont les deux du bas, comme posées au milieu de la calandre, se referment en un ovale allongé qui déborde sur les côtés pour englober les feux de position; ces deux barres enserrent en leur centre le blason de la marque sur une plaque chromée.
La gamme haute Coronet est complétée en 1950 par une version tout acier du break, baptisée « Sierra », qui devient le seul break Dodge disponible après l'arrêt de la traditionnelle version woodie en cours d’année. Une centaine seulement de Sierra 1950 furent écoulés.
Noter que ce break a bien 4 portes : Franquin a simplement oublié de matérialiser la porte arrière...

N.B. : En 1950, Dodge occupe la 8ème place sur son marché, avec plus de 330.000 véhicules produits, en augmentation de plus de 10% d'une année sur l'autre (dans un contexte général de reprise il est vrai).




D K W
Voir la notice consacrée à DKW sur la page des voitures européennes de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Moteur
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi

F91 Sonderklasse
coach (Limousine)
1953–1955
2 temps
3 en ligne
896 cc
34 cv / 4000 t/m
895 kg
115 km/h (usine)
André FRANQUIN :
La Quick Super (1955)
(Intégrale tome 4)





Spirou et Fantasio viennent de se faire voler sous leur nez la Quick Super dont ils faisaient l'essai pour le Journal ! Mais l'inspecteur de la Cie d'Assurances veillait : au volant de sa DKW F91, il cueille au passage nos héros, et se lance dans une poursuite musclée du voleur...
Franquin prend d'autant plus de plaisir à dessiner cette voiture sous toutes les coutures (intérieur compris) qu'il en possédait une lui-même ! Il s'est d'ailleurs représenté au volant d'une F91 au début de l'album, croisant nos amis à bord de leur Turbotraction.

La DKW F91 Sonderklasse succède à la F89 Meisterklasse (1950/54), dont elle diffère principalement par un moteur trois cylindres, à la place du bicylindre du modèle précédent.  Extérieurement, la Sonderklasse diffère de la F89 par une calandre plus élégante comportant cinq barres horizontales au lieu de neuf.

De mars 1953 à septembre 1955, 57.407 "berlines" et coupés F91 ont été produits à Düsseldorf (à quoi il faut ajouter les carrosseries spéciales et les breaks Universal). Lui succède en 1955 la F93 3=6, dont Spirou prendra incidemment le volant...
LAND ROVER


Voir la notice consacrée à Land Rover sur la page des voitures anglaises de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids EOM

Série I châssis court
pick-up
1953-1958
4 en ligne
1 997 cc
52 cv / 4000 t/m
1.200 kg
FRANQUIN :
Le Prisonnier du Bouddha (1958 / 1959)
(Intégrale tome 6)



Spirou et Fantasio ont mené à bien leur mission : délivrer le savant américain Longplaying, co-inventeur du G.A.G., retenu prisonnier dans la Vallée des 7 Bouddhas. Le trio a réussi à franchir la ligne de démarcation, et sont pris en charge par le Comte de Champignac venu à leur rencontre au volant d'une Ford Consul Mk I... lorsqu'elle fond sous l'effet du métomol manipulé par le marsupilami !!
... Heureusement,  une patrouille motorisée de l'armée anglaise de Hoïnk-Oïnk arrive à point pour recueillir nos amis à bord d'une Land Rover (série I) de l'armée...

Le Land Rover fut présenté au Salon d'Amsterdam en avril 1948. Il n'y avait à l'origine qu'un seul modèle, à 4 roues motrices permanentes, qui de 1948 à 1951 a utilisé un châssis de 80 pouces (2000 mm) d'empattement, animé par un moteur à essence de 1,6 litre fournissant environ 50 ch. Le véhicule, un  "Pick-Up ", était "basique", le toit (toile ou en métal) étant en option. En mai 1950, les phares sont placés devant la grille de calandre. En 1952 le moteur passe à 2,0 litres (52 cv).
L'année modèle 1954 a apporté des changements majeurs. Le modèle "court" a vu son empattement passer à 86 pouces (2200 mm), et un pick-up à châssis long de 107 pouces (2700 mm) a été lancé. L'empattement supplémentaire a été ajouté derrière la zone de la cabine pour accroître l'espace de chargement.
1956 a vu l'introduction du premier modèle cinq portes sur le châssis long, connu sous le nom " Station Wagon ", avec des sièges pour jusqu'à dix personnes. Le modèle 86 pouces avait trois portes, et sept places.
À l'automne 1956, les empattements ont été augmentés de 2 pouces (5 cm), à 88 pouces (2200 mm) et 109 pouces (2800 mm), pour accueillir l'année suivante un nouveau moteur diesel (en option), légèrement plus long.

Le véhicule de l'armée britannique qui recueille Spirou et Fantasio est un châssis court, postérieur au début 1953, lorsque la grille de calandre prit la forme d'un T renversé. Il est de série I, la série II (apparue en avril 1958) comportant 2 petits feux ronds sur chaque aile AV.


RENAULT

Voir la notice consacrée à RENAULT sur la page des Renault de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
PTC
Vitesse maxi

AGCL 2
plateau à ridelles
1937-1940
(ch. utile : 1,5 T.)
4 en ligne (ess.)
2.383 cc
48 cv / 3000 tr/mn
3,7 T.
70 km/h
Émile BRAVO :
L'Espoir malgré tout, t. 3 (2021)
Spirou et ses amis, deux jeunes orphelins juifs, se sont audacieusement échappés d'un train de la mort roulant vers l'Allemagne et ses camps...
Faisant du pouce au bord de la route, ils sont pris en charge par ce petit camion laitier...

La présence bien nette d'un losange en haut de la calandre semble désigner clairement un petit camion RENAULT. Ses roues AR jumelées indiquent qu'il s'agit bien d'un authentique camion, et non d'un utilitaire léger dérivant d'une voiture de tourisme.
Les camions Renault d'avant-guerre de petit tonnage, avec cette calandre légèrement inclinée (ci-dessus, à droite), correspondaient à la famille AGC-2. Le véhicule dessiné par Bravo a l'allure générale et le gabarit de l'AGCL 2, version "détarée" à 1,5 T de l'AGC 2 (2 T); le dessin du plateau, entre autres, est bien conforme à ce que l'on pouvait trouver à l'époque sur ce camion; celui des jantes est aussi à (très) peu près fidèle.

... Restent de nombreux points d'achoppement ! Les AGC ont ainsi des ouïes de capot horizontales (en non verticales). Surtout, les portières s'ouvrent "dans le bon sens" (actuel), et non vers l'arrière comme ici (noter toutefois que les voitures de tourisme Renault contemporaines conservaient, elles, ce type d'ouverture pour les portes AV). Mais l'on sait que Bravo, s'il dessine des véhicules "réalistes", s'astreint rarement à respecter scrupuleusement un modèle précis...

N.-B. : Un très grand merci à "Jercam" du forum lesptitesrenault.fr, dont l'expertise a permis la rédaction de ce petit article...
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
PTC
Vitesse maxi

R 4140 ("Fainéant")
plateau à ridelles bâché
1950-1958
17 CV
6 en ligne horiz. (diesel)
6.230 cc
105 cv / 2500 tr/mn
3.135 kg (châssis nu)
12 T.
79,5 km/h
SERGUEÏ & MIKÄELOF :
Spirou Pirates (1999)



L'album Spirou Pirates, intégralement en noir et blanc, est un authentique hommage à la série réalisé par Sergueï et Mikäelof.
Un Spirou géant sème la panique en ville. Parvenant à l'arrêter, Spirou et Fantasio se rendent alors chez le comte pour en savoir plus. Mais ce dernier ne veut rien révéler à Spirou, prétextant qu'il ne se passe rien...
La nuit, le comte met Fantasio dans la confidence. Spirou va surprendre cet étrange conciliabule, quand il est attiré par des lumières dans le parc. En effet, des zorglhommes sillonnent les alentours... Spirou y rencontre un autre lui-même, avant d'être assommé par un zorglhomme. Le lendemain, retournant inspecter le parc du château, Spirou découvre des camions de zorglhommes. Il décide de monter à  l'arrière de l'un d'eux, pour voir où tout cela le mènera...

Le camion dans lequel monte Spirou est un Renault R 4140, dit "Fainéant". Comme le plus souvent dans cet album, il s'agit du repiquage d'un dessin de Franquin, extrait du RepAIre de la Murène (1954/55), plus précisément de l'image en couleurs ci-dessus. Curieusement, et même dans l'original, ce camion ne porte pas d'insigne de calandre, en l’occurrence un losange ailé, contrairement à la réalité (sauf pour les modèles d'avant-série de 1950)...

C'est en 1950 que Renault lace ce camion à cabine avancée, équipé d’un moteur horizontal SOUS le châssis, repoussé à l’arrière de la cabine; cela permet de dégager un vaste espace, et supprime les inconvénients du tunnel-moteur remontant dans l’habitacle (manque de place, chaleur, vibrations et odeurs…). Une large banquette autorise jusqu’à 3 passagers de front. Disponible en  5 (R 4220) et 7 tonnes (R 4140) de charge utile, il est fabriqué à partir de juin 1950. Entre 1950 et 1955, il sera décliné sous un nombre considérable de variantes : châssis court, normal, long, chantier, colonial… Renault n’a pas donné d’appellation publicitaire aux camions de cette gamme, mais les chauffeurs vont rapidement les baptiser « Fainéants » à cause de la position couchée du moteur et de sa faible nervosité.

Fin 1955, la section Poids lourds de Renault s’associe à Latil et Somua pour donner naissance à la SAVIEM. Pour les modèles 1957, le « Fainéant » est le premier camion d’origine Renault à prendre la marque Saviem seule, sous deux versions : Mondragon (charge utile de 5 tonnes), et le plus connu, le Tancarville (charge utile de 7 tonnes), du nom du célèbre pont. A partir de 1961, ils seront équipés d’un nouveau moteur horizontal plus nerveux : le « Fulgur ». Les derniers Tancarville TP10 seront fabriqués jusqu’en 1967.

Faute de précision, nous admettrons que notre modèle est un 7 tonnes (R 4140 en 1950, R 4145 / R 4155 en 1952, etc.).
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0-100 km/h

R 16 (R1150)
limousine
1965-1970
8 CV
4 en ligne
1.470 cc
63 cv SAE
980 kg
144 km/h
38"4
Jean-Claude FOURNIER :
Le Faiseur d'or (1969)
(Intégrale tome 9)


Lors d'une émission de télévision, Le Comte de Champignac annonce qu'il sait où se trouve le livre de Nicolas Flamel exposant le secret pour fabriquer de l'or. Pressentant les ennuis, Spirou se rend le lendemain à Champignac avec Fantasio. Là, ils découvrent Zorglub assommé; le Comte, lui, a été enlevé, et Zorglub a reconnu Zantafio parmi les agresseurs... Spirou et Fantasio retrouvent la trace des bandits, mais trop tard : le Comte révèle par mégarde que Zorglub détient le livre, dont Zantafio va s'emparer par force. Il construit la machine à faire de l'or, mais Spirou et Fantasio interviennent : Zantafio s'enfuit alors avec le livre à bord d'une Renault R16, sur laquelle Spirou se jette vaillamment ! (passager pas même clandestin...)

Cette R16 date au plus tôt de septembre 1965, lorsque le losange Renault s'installe au centre de la calandre, et au plus tard de 1970, lorsque l'arrière est complètement remodelé.

BERLIET


Marius Berliet (1866 - 1949), fils de canut, est taraudé par la mécanique : il construit son premier moteur (monocylindre) en 1894, et sa première voiture, une biplace en tandem, en 1895. Lui succède en 1897 un deuxième prototype, une Victoria vis-à-vis bicylindre. Les chose sérieuses commencent en 1899, année durant laquelle 6 voitures bicylindres seront vendues; ce chiffre doublera en 1900... En 1902, Berliet rachète le constructeur lyonnais Audibert et Lavirotte, dont les usines (5000 m2) formeront l'embryon du site de Lyon Monplaisir (dont la superficie aura pratiquement décuplé à la veille de la Grande Guerre).
En 1905, la vente de la licence de 3 modèles 22, 40 et 60 ch à Alco (American Locomotive COmpany) lui donne les moyens de prendre son essor industriel. La locomotive chasse-buffle d’Alco devient l’emblème de la marque Berliet.
Dès 1906, Berliet fabrique environ 650 châssis, ce qui en fait le premier constructeur lyonnais. À l'automne 1906, la firme présente son premier camion (2,5 t de charge utile) à poste de conduite découvert; rustique, robuste et simple à conduire, le véhicule obtient un certain succès auprès des industriels et du ministère de la Guerre. En octobre 1907, Berliet fait homologuer son premier modèle de camion commercialisé : le type L, équipé d’un moteur à quatre cylindres 100x200, de 3 ou 5 tonnes de C.U., ainsi qu'un camion plus léger (1,5 T.); l’activité poids lourd prend dès lors une importance croissante au sein de l’entreprise. Cette même année 1907, c'est au tour du premier autocar à voir le jour...
En 1912, l’exportation représente 50 % des ventes . Cette année-là, une voiture de série Berliet gagne le rallye de Monte-Carlo.
En 1913, la production monte à 3 500 véhicules; en 1914, Berliet, premier constructeur français de camions, en produit les deux tiers  (la firme occupant alors le neuvième rang des constructeurs européens d'automobiles).

Pendant la première Guerre mondiale, l'entreprise doit répondre aux demandes de l'armée, qui sollicite Berliet pour construire des camions et des ambulances. Face à ces commandes, Berliet met en place un travail à la chaîne très poussé, et acquiert de nouvelles machines que cette production de masse permet de rentabiliser.
Lancé en 1914, le CBA de 4/5 tonnes de P.T.C. à cabine normale et à transmission par chaîne, est commandé à 25 000 exemplaires par l'Armée; il sera produit jusqu'en 1932. C'est le camion emblématique de la Voie Sacrée, qui assure les liaisons jusqu'au front lors de la bataille de Verdun. En 1916, 40 camions CBA sortent quotidiennement des usines. Berliet fabrique aussi 1 050 chars d'assaut FT sous licence Renault en 1918.

Après guerre, Berliet (Société Anonyme depuis 1917) inaugure à Vénissieux une toute nouvelle usine sur 400 ha de terrain, prévue pour 14.000 ouvriers ! La firme décide de rationaliser sa production (selon les méthodes américaines de Taylor) en la concentrant sur un seul type de camion : le CBA de 5 tonnes, et un seul de voiture : le type VB de 15 HP (qui connaîtra des déboires mécaniques). Mais les infrastructures et les investissements induits s'avèrent trop importants, alors même que les volumes diminuent de moitié... L'entreprise doit déposer son bilan en 1921, et passe temporairement sous contrôle des banques. Marius Berliet n'en reprendra le plein contrôle qu'en 1929, après apurement des dettes, aidé, entre 1922 et 1929, par une forte croissance, qui retrouve son niveau d'avant-guerre.
Comme d'autres constructeurs à l'époque, Berliet se lance dans les premières missions sahariennes automobiles (1926-1932).
En 1930, le moteur diesel est expérimenté sur le CBA, puis monté en série sur le camion type GD2 en 1931.

En 1925 déjà, la marge bénéficiaire d'un camion s'avérait 5 fois supérieure en % à celle d'une voiture. À partir de 1930, Berliet oriente insensiblement ses activités vers le poids lourd; à dater de 1933, seules des voitures à 4 cylindres sont produites. La dernière voiture particulière de la marque est une ultime version de la Dauphine (modèle lancé en 1934) : une limousine dont la commercialisation démarre finalement en... mars 1939; elle est motorisée par un 2 litres de 50 cv, et emprunte l'essentiel de sa carrosserie à la Peugeot 402 B, avec une calandre verticale spécifique. Cette Dauphine (type VIRP-2) est fabriquée à moins de 200 exemplaires jusqu'à la guerre; quelques exemplaires restants furent encore assemblés en 1944/45...
Dans le domaine des cars et bus, à la veille de la guerre, Berliet n'est encore que le 3ème constructeur en France pour l'année-modèle 1939, loin derrière Renault et Citroën, avec une production moindre de moitié...

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Berliet porte son effort sur la fabrication de camions « gazobois » adaptés aux restrictions de matières premières imposées par l'occupation allemande, et utilisant le bois comme carburant.

À la Libération, fin 1944, ainsi que l'a souligné Paul Berliet (fils de Marius), « cela faisait des mois que le P.C."F." avait préparé un plan de confiscation des grandes entreprises familiales », dont Berliet et Renault. Comme Louis Renault qui lui mourra littéralement assassiné en prison, « Marius Berliet, incarcéré pour des motifs assez évasifs de "collaboration", sera un temps mis à l'écart de son entreprise, dirigée alors par des fonctionnaires tout acquis aux idées communistes et au collectivisme revanchard. [...] Ses usines de Lyon sont placées dans le cadre de l'Expérience Berliet qui vise à prouver que les grandes entreprises peuvent se passer de patrons ! Une "expérience" qui va rapidement tourner court car le développement d'une entreprise, la conception de produits innovants et la recherche de nouveaux marchés ne peuvent pas être effectués par de simples fonctionnaires... » [Camions d'Autrefois n° 1 (Berliet GLR), p. 2, col. 1; Altaya, 2009]
Heureusement, la famille Berliet va récupérer son bien fin 1949, quelques mois après la disparition de Marius; son fils Paul, que Marius à désigné pour lui succéder, ne pourra toutefois prendre la direction de Berliet qu'en 1953...
 
L'entreprise bénéficiera des « Trente Glorieuses », voyant, entre 1950 et 1974, sa production multipliée par huit, passant de 17 à 150 camions par jour, et ses effectifs presque quintupler, passant de 5 000 à 24 000 salariés. Misant sur l'innovation, Berliet emploie 1 000 ingénieurs dans son centre de recherche...
Travaillant dans l'ombre durant la période... d'occupation des Usines par la mafia rouge, les ingénieurs de Berliet vont, pour remplacer le GDR d'avant-guerre, créer un tout nouveau camion opérant dans la catégorie des 7 T. utiles, la plus demandée alors; ce sera la gamme GLR à "long nez", lancée en octobre 1949, et livré en plateau ou en camion bâché; la version châssis-cabine permettra de nombreux types de configuration : benne, citerne, fourgon... Doté d'une cabine tout acier, c'est un véhicule rapide et confortable, qui va révolutionner le monde du transport. Grâce au succès de ce modèle qui se rendra légendaire, Berliet devient le constructeur français n° 1 du secteur.
NB : Dans le sigle, G indique un camion porteur (ce sera T pour un tracteur, P pour un autobus ou autocar...); L distingue un véhicule 4x2 conçu depuis la Libération; R désigne une catégorie de tonnage... « GLR » est suivi d'un nombre (6, 8 ou 10) qui rappelle la cylindrée en litres, arrondie, du moteur (cas du diesel).
Lors de son lancement en 1949, le GLR 8 (cylindrée arrondie de 8 litres) possède un moteur Diesel cinq cylindres de 120, puis 125 et 150ch suivant l'évolution; il peut emporter une charge utile de 7 tonnes pour un poids total en charge (P.T.C.) de 13,5 tonnes. Il sera décliné en GLC (4 cylindres, 95 puis 120 ch) et GLM (6 cylindres, 150 puis 180 ch).
Ce modèle évoluera en GLR M2 de 1960 à 1963 (même cabine, mais à capot carré), M3 de 1963 à 1975 (cabine « relaxe » et capot carré), M4 de 1975 jusqu'à la fin de production (la calandre et les joues de capot ne sont plus en tôle mais en matière plastique noire).

Parallèlement aux camions, Berliet produit aussi des autobus et autocars. En 1950 est ainsi présenté l'autobus PBR, avec un moteur en position horizontale dans l'empattement.
En mars 1950, une nouvelle série de camions apparaît : le GLA 5, petit camion à cabine avancée de 2,5 T de charge utile, suivi un an plus tard du GLB 5, de 3 T de charge utile, mû par un moteur diesel 4 cylindres de 5 L. développant 75 à 80 ch.

À l'automne 1952, sont lancés : les cars PLR à moteur horizontal sous plancher; PLA et PLB, de petite et moyenne capacité, qui dérivent des GLA et GLB/GLC.
En 1953, Berliet développe un nouveau moteur 6 cylindres offrant 150 à 180ch, monté sur le camion à capot GLM, puis sur le tracteur routier TLR 10 de 26 à 32 T de P.T.R. (Poid Total Roulant).
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Fin 1960 : le constructeur automobile lyonnais Rochet-Schneider, qui ne fabriquait plus que des poids lourds et des autobus depuis 1931 et avait abandonné la production de châssis en 1950, cesse toute activité industrielle, et passe sous le contrôle de Berliet, qui avait déjà intégré en 1954 les ingénieurs de son bureau d’études. Berliet réalisera en particulier le camion militaire GBU 15 6x6 conçu par R.-S. , dont descend en droite ligne le Renault TRM 10000 . Filialisée, l'entité Rochet-Schneider disparaîtra définitivement en 1968.

Vers le milieu des années 1960, Berliet connait quelques difficultés : ses parts de marché diminuent, des conflits sociaux éclatent, et sa rentabilité baisse. Surtout la concurrence devient plus rude, suite à la création quelques années plus tôt de Saviem (filiale de Renault), et la perte de contrats d'armement. Berliet cherche à s'adosser à un groupe plus puissant. En juin 1967, Citroën (alors propriété de Michelin) rachète l'entreprise.
La recherche de synergies entre Citroën et la marque lyonnaise conduisent à regrouper les fabrications de poids lourds légers sur le site de Vénissieux, qui produira ainsi les derniers Citroën Belphégor. Berliet développe avec Citroën un nouveau petit camion (série K) : le Dauphin, dont la cabine est celle d'un Berliet Stradair dont on aurait raccourci le capot; né "Citroën" en 1969, il devient "Citroën / Berliet" entre 1970 et 1971, le capot du camion portant les deux noms. Le Dauphin continuera sa carrière jusqu'en 1979 sous la marque Berliet, puis Renault.
En 1970, le département « voirie-incendie » de Berliet en est détaché pour fusionner avec divers équipementiers spécialisés, formant alors la CAMIVA (Constructeurs Associés de Matériels d’Incendie, Voirie, Aviation). Petit à petit, la production CAMIVA s’effectuera principalement sur des porteurs Berliet. En 1997, Renault (cf. ci-après) cédera ensuite CAMIVA au groupe FIAT-IVECO...
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Peugeot ayant racheté Citroën à Michelin, la Régie Renault et l'État demandent en compensation à reprendre Berliet pour le fusionner avec Saviem, et former ainsi le principal constructeur français de poids-lourds (l'autre étant Unic). Fin 1974, Renault rachète ainsi Berliet, dont la production dépasse cette année-là les 25.000 véhicules, en hausse de 8,6 % sur 1973...
En 1978, Berliet absorbe Saviem et devient Renault Véhicules Industriels (R.V.I.). En avril 1980, les noms de Berliet et Saviem disparaissent définitivement des calandres au profit de la marque Renault....
Renault choisira les mécaniques Berliet pour ses gammes hautes. La cabine KB 2400, apparue en 1971 chez Berliet sur les camions  GR/TR 260/280, continuera sur la série R (Major) de Renault.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids (ch.-cabine)
PTC
PTR
Vitesse maxi

GLR 8 b
camion porteur
1954-1955
21 CV
5 en ligne
7.900 cc
125 cv / 2.000 t/m
5,56 à 5,8 T. (s/empat.)
15,5 T.
23,5 T. [8 T de C.U.]
73 km/h
FRANQUIN :
Les Pirates du silence (1955/56)
(Intégrale tome 4)


Fantasio embarque Spirou pour un reportage à Incognito City, ville où des milliardaires vivent à l'abri des regards indiscrets. Ils font rapidement connaissance avec un des autochtones, l'élégant Juan Corto dos Orejas y Rabo. Peu après, ils interrompent une rixe entre deux brutes et un garagiste, puis retrouvent les brutes dans le jardin de J. Corto. Spirou, parti en ville essayer de rappeler le Comte, découvre en rentrant leur hôte, M. Minet, ligoté, mais... plus de Fantasio ! Grâce au Marsupilami, il retrouve sa trace chez... J. Corto, ainsi que le Comte, également prisonnier : Juan Corto l'a enlevé pour s'emparer de son gaz soporifique, aux fins d'endormir la ville pour la cambrioler. Un vaccin du Comte les protégeant des effets du gaz, ils interviennent alors que les bandits diffusent le gaz à l'aide de camions-citernes... Spirou saute à bord de l'un des camions, un Berliet GLR 8... dont l'on peut admirer tout particulièrement la cabine sur la couverture du recueil (album) 57, reproduite en pleine page dans l'Intégrale ci-contre.

Le Berliet GLR est un camion à cabine (à capot) en position semi-avancée, présenté en octobre 1949, et fabriqué, à travers diverses évolutions, jusqu'en 1984. Au lancement, le GLR 8 (cylindrée arrondie de 8 litres), à moteur Diesel, peut emporter une charge utile de 7 tonnes (PTC de 13,5 T). La cabine est monocoque tout acier avec des projecteurs intégrés, et des courbes de capot et de pare-chocs avant caractéristiques. Les premiers modèles se distinguent par les poignées de capot, les feux d'aile sphériques et un pare-brise de hauteur réduite surmonté d'un seul essuie-glace. En 1951, son PTC est porté à 14,5 T, puis à 15,5 T en 1953. Au Salon 1953, la surface vitrée de la cabine est agrandie, et les essuie-glaces sont fixés au bas du pare-brise (et non plus en haut). En 1955, le pare-chocs AV évolue et incorpore une chape de remorquage abritant aussi la plaque minéralogique; de petits clignotants circulaires apparaissent sur les ailes, et un filtre à air est monté sur l'aile AV droite. En 1956, les clignotants AV grossissent, et reculent vers le sommet des ailes.
1958 voit apparaître 2 versions : l'ancienne, renommée GLR 8R, et une nouvelle, le GLR 8M, dotée d'une injection directe MAN, et qui se distingue extérieurement par son filtre à air déporté sur l'aile gauche (il reste à droite sur le 8R); le GLR 8R restera au catalogue jusqu'en 1960. En octobre 1960, le capot du GLR devient carré (cabine M2), ce qui modernise son allure...
Le GLR sera une réussite exceptionnelle, avec au total plus de 100 000 exemplaires construits, non compris les CKD (collections pour les usines à l’étranger).

Le camion-citerne GLR 8 pris d'assaut par Spirou présentes les caractéristiques esthétiques des camions de l'année-modèle 1955; ce qui est compréhensible, la publication de l'épisode commençant début novembre 1955 !

TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi

PLR 10
autocar
1958-1960
25 CV
6 en ligne (diesel)
9,5 litres
150 cv / 2.200 t/m
10 t (châssis nu : 5,25 T)
77 km/h
YOANNN & VEHLMANN :
Dans les griffes de la Vipère (2012)



Sans s'en rendre compte, Spirou a signé un contrat léonin avec la Viper, dont le patron désire le rencontrer. Aussi Spirou doit-il partir aux îles Marmelade, où réside le boss de la Viper. Le contrat l'oblige en fait à demeurer aux Marmelade sa vie durant... Mais Seccotine l'ayant prévenu à temps, il pourra s’enfuir en bateau, avec l'aide des habitants du cru, pour gagner le Guatchatcha (pays imaginaire d'Amérique du Sud ), d'où il prendra un avion vers l'Europe. Sur place, grimé, Spirou rejoint Champignac-en-Cambrousse en autocar...
YOANN nous montre une gare routière (image du haut), d'une compagnie de cars à livrée bicolore blanc / turquoise. Sont-ils tous du même type ? ce n'est pas certain, mais ceux dont on voit la calandre sont tous des BERLIET PLR (à partir de 1958).
On ne voit malheureusement pas l'avant du car où monte Spirou, mais l'on peut raisonnablement supposer qu'il s'agit bien aussi d'un PLR (le dessin de Yoann fluctue malheureusement d'une case à l'autre, comme trop souvent chez lui; comparez par exemple les pare-chocs des deux PLR, en haut, et à gauche...) Ce car a d'ailleurs le même passage de roues AR à méplat que le PLR qui évite la vieille dame.

Le PLR, présenté au Salon d'octobre 1952, est mû par un moteur horizontal sous plancher, placé au centre du véhicule, entraînant l'absence de capot moteur à l'avant. Le radiateur reste à l'avant, derrière une calandre démontable. Initialement, elle comporte 5 barres horizontales, ce nombre passant à 3 en 1958, comme le dessine Yoann.
Mais, si la première série a bien des passages de roues (AV et AR) à méplats, ceux-ci deviennent circulaires en 1958...
On notera également que, de série, l'autocar PLR est muni d'une porte pliante simple (à 2 vantaux) à l'avant, et non battante comme sur le dessin de Yoann : mais c'est une option (au reste peu coûteuse) bien présente sur certains exemplaires photographiés.
Comme pratiquement tous les véhicules de transport de personnes de cette époque, le PLR a été produit en version urbaine et, comme ici, autocar. Il pouvait recevoir, au choix des exploitants, un moteur à 5 [type PLR 8 - cyl. 7,9 L, 120 cv] ou 6 cylindres (PLR 10). La version "autobus interurbain", comme ici, est plutôt un PLR 10, dont le moteur peut être suralimenté, ce qui lui offre alors 30 ch supplémentaires. En 1956, les PLR M recevront de nouveaux moteurs dotés d'une injection MAN augmentant la puissance de 30 cv, et réduisant la consommation.
Contrairement à ses concurrents de l'époque (les Renault R4190/1/2 par exemple), le PLR est doté de roues AR jumelées, ce qui lui assure une excellente motricité.

N.-B. : On pourra tout de même trouver curieux de voir encore en service en 2012 un car dont la production a cessé 50 ans plus tôt... Ne serait-ce qu'en fonction des normes de pollution de plus en plus sévères imposées par l'autocratie bruxelloise !...
SIMCA

Voir la notice consacrée à SIMCA sur la page des Voitures de Fantasio.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi
O-100 km/h

Vedette Versailles
Berline
1954 - 1955
13 CV
V 8
2 351  cc
80 ch SAE / 4400 t/mn
1 150 kg
140 km/h
20"
FRANQUIN :
Le Repaire de la Murène (1954)
(Intégrale tome 4)



Le richissime armateur Xénophon Hamadryas organise un concours récompensant l'inventeur trouvant le moyen de descendre à -200 m en mer pour effectuer un travail quelconque. Or, Pacôme de Champignac a mis au point un nouveau produit, le X4, qui décuple l'intelligence : quoi de mieux pour le tester que des travaux pratiques ? Encouragé par Spirou et Fantasio, il relève le défi et s'inscrit au concours. Le comte met au point un type de gaz nouveau ainsi qu'un sous-marin. Mais de mystérieuses personnes tentent d’écœurer tous les participants en faisant sauter leurs installations...
Nos amis, restés seuls en lice faute de concurrents, décident de rencontrer Hamadryas à Port-Mérou. Celui-ci leur dit vouloir retrouver l'épave d'un de ses cargos, le Discret, coulé quelques années plus tôt; et ce en mémoire de son capitaine, John Héléna, porté disparu... Mais, au sortir de l'entretien, Spirou et le Comte sont enlevés par des bandits en emmenés à bord de cette Simca Versailles bicolore... qui connaîtra une bien triste fin !!

En septembre 1954, Simca rachète Ford France, avec ses vastes et modernes usines de Poissy, récupérant au passage la gamme Vedette millésime 1955 conçue par Ford pour remplacer la première génération lancée en 1948, et qui permettrait à Simca de monter en gamme vers les voitures de luxe. Les nouvelles Vedette sont présentées sous l'écusson Ford au Salon de Paris d'octobre 1954. Le 1er décembre, les Ford Vedette deviennent des Simca; environ 1.000 voitures avaient été produites sous le nom Ford.
La gamme Vedette 55 comporte 3 modèles : en entrée de gamme, la Trianon, très dépouillée pour lui permettre d'afficher un prix compétitif; en haut de gamme, la Régence, luxueusement présentée, et reconnaissable à son intérieur soigné, une peinture bicolore à la découpe spécifique, et des enjoliveurs de roues à rayons; enfin, la Versailles, modèle intermédiaire, qui se distingue par sa présentation en deux tons (toit / caisse), ses projecteurs antibrouillard incorporés à la calandre, ses feux de recul, ses encadrements de pare-brise et de lunette arrière chromés, et ses pneus à flancs blancs; c'est cette dernière version qui se vendra le mieux. La Versailles deviendra Beaulieu lors du remaniement de la gamme en octobre 1957.
Un break de luxe Marly, dérivant de la Versailles, compléte l'offre en février 1956.
Les Vedette, produites au total à environ 105.000 exemplaires, quittèrent les chaînes françaises en 1961, mais la fabrication se poursuivra au Brésil où elles seront transférées. Ce furent les dernières voitures françaises de grande série équipées d’un moteur V8...

Le modèle utilisé par les bandits est clairement une Versailles, avec les attributs décrits plus haut. Il s'agit d'une version de l'année-modèle 1955, reconnaissable à sa plaque minéralogique avant fixée sur le pare-chocs; elle formera un bloc incorporée au pare-chocs dès l'année suivante; d'ailleurs, le Repaire de la Murène est publié fin 1954... On notera que Franquin suit l'actualité automobile de près ! la voiture est alors toute nouvelle...

UNIC    (1905-1984)

Georges Richard et son frère aîné Félix-Maxime fondent en 1893 la « Société des Cycles Georges Richard », qui évoque déjà dans ses statuts la construction de voitures automobiles (de fait, en 1934, sera exposé un vis-à-vis daté de 1893...) Georges Richard présente officiellement en septembre 1896 sa "première" automobile, une voiturette biplace propulsée par un moteur monocylindre de 708 cm3, d'origine Benz, d'une puissance de 3,5 ch, installé sur un châssis tubulaire. Baptisée Poney, elle sera produite, sous diverses variantes de carrosseries, jusqu'en 1902.
Richard s'associe alors avec un jeune et brillant ingénieur, Charles-Henri Brasier, venu de la société Mors, pour former en 1902 l'entreprise automobile Richard-Brasier... dont les frères Richard seront officiellement évincés en février 1905, victimes du tempérament autoritaire de Brasier !

  Mais 1905 est une époque où la France est le premier constructeur mondial d’automobiles, et le premier exportateur ! N'étant pas resté inactif durant la période trouble traversée chez Richard-Brasier, Georges Richard a signé un accord avec le baron Henri de Rothschild, qui lui fournit les fonds nécessaires pour fonder la Société anonyme des automobiles Unic, avec l’apport de la Société d’Automobiles et de Traction qui a fabriqué les voitures Bardon. Elle s'installera à Puteaux, dans une usine, bâtie en 1900, qui a déjà abrité les constructeurs automobiles Bardon puis Pascal. Les statuts stipulent qu’il est prévu de « réaliser des modèles simples, robustes, ne dépassant les 16 HP,  et où les organes seront le plus possible communs à plusieurs modèles »; cette utilisation de pièces communes interchangeables (uniques) serait l'origine du nom du constructeur... Unic présente dès la fin février 1905 le modèle Type A1, une bicylindre 100 x 110 de 10 HP; puis quelques semaines plus tard, un châssis rallongé dénommé Type A2, suivi du Type B1, une quatre cylindres 87 x 110 de 14 HP.
Unic fut aussi rapidement apprécié pour ses taxis : entre 1906 et 1910, 1.500 unités furent livrés à Londres, 700 à Paris, 100 à Buenos-Aires, sans compter les parcs de  moindre importance ailleurs. Le châssis était doté d’un moteur 12/14 HP 4 cylindres monobloc 70 x 110.
En 1922, le fondateur de la marque, Georges Richard, meurt à Rouen des suites d'un accident. C'est son principal collaborateur, l'ingénieur Georges Dubois, qui lui succède à la tête de la société (il y restera jusqu’à sa mort en 1948). Jusqu'à cette date, Unic fabriquait des automobiles, des véhicules de livraison et des camions légers (jusqu'à 2,5 T. de charge totale). Progressivement, la production des véhicules utilitaires est privilégiée par rapport à celle des voitures de tourisme; ils bénéficient des derniers progrès techniques et brevets déposés par le bureau d'études.
C'est en 1914 qu'Unic a ainsi lancé le M1, premier d'une série de camions légers à succès, qui se terminera par le M9 en 1929; y apparaît en 1922 un premier camion de 3 tonnes, le M5C. Unic deviendra par la suite le premier fabricant de camions en France.

En 1931, la firme monte des moteurs Diesel 6 cylindres de 8,6 litres, sous licence Mercedes-Benz, sur des camions des types CD2 (à 2 essieux), et CD3, un porteur à 3 essieux qui vient coiffer la gamme, par le biais de la société CODRA (Diesel Rapides), filiale d'Unic qui détient la licence pour la France.
En 1933, Unic est le premier constructeur français à présenter une gamme complète de véhicules industriels de 3 à 15 tonnes.
En 1937, Unic fabrique son propre moteur diesel, un 6 cylindres de 10,3 litres.

En 1938, Unic abandonne la fabrication des automobiles de tourisme pour se consacrer exclusivement (uni(C)...quement !) aux véhicules industriels.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, fin 1940, la firme fut associée  avec Delahaye, Laffly, puis les Camions Bernard, et Simca en 1943, au sein du Groupement Français de l'Automobile (GFA), pour suivre un plan gouvernemental de rationalisation. À la Libération, cette structure sera maintenue et renforcée par le Plan Pons, qui ne sera abrogé qu'en 1951. Unic entame ainsi, dès la fin de l'été 1944, la production de camions de 5 à 7 tonnes de charge utile. En fait partie la gamme de camions à capot de la série ZU (Z = diesel, U = Unic). Ils sont équipés d'un nouveau moteur diesel à injection directe, mis au point en 1937, le « ZU », développant de 77 à 150 ch. qui sera construit à 40.000 exemplaires, en 4 et 6 cylindres, durant les 15 années suivantes. Il équipera des véhicules de 4 300 à 29 000 kgs.

En 1952, UNIC est racheté par SIMCA, pour former la branche poids lourds de Simca Industries  (qui se renforcera de Ford France en 1955).
Au printemps 1956, Unic absorbe les camions Saurer France (qui n'a produit que 528 véhicules en 1955), fabriqués à Suresnes.

À partir de 1956, la production du Simca Cargo, hérité de Ford France, est transférée à Puteaux, chez Unic. La majorité de ces camions est destinée à l'armée, et reçoit une cabine spécifique découvrable, ainsi qu'une calandre protégée par une grille. Équipé en 1958 du quatre cylindres diesel Unic du ZU, le Cargo est commercialisé sous la marque Unic jusqu'en 1960.
À partir du printemps 1960, les nouveaux camions Vosges reçoivent la cabine semi-avancée Saint-Cloud issue des Fiat C40/50N, ou la cabine avancée Auteuil fabriquée par le carrossier F. Genève. La boîte de vitesses est synchronisée.
Pour remplacer le Simca Cargo, la firme distribue les camions de la marque italienne OM (filiale de Fiat V.I. à partir de 1968) et le Fiat 615 N1 puis le Fiat 616 sous l'appellation Unic-service.

Après le rachat de Simca par Chrysler, Simca Industries est absorbé par Fiat France en juin 1966, et Unic devient la division Véhicules industriels de Fiat France S.A. (F.F.S.A.). En conséquence, les réseaux Unic-OM et Fiat-Someca s'unifient.
À partir de 1969, les modèles Vosges reçoivent un moteur OM.
En 1970, l'Izoard V8 T340 A à moteur V 85 S de 14,9 litres et 340 ch SAE inaugure la cabine Fiat. Les dernières cabines d'origine Unic disparaissent en 1974.
À partir de 1972, l'usine Fiat-Someca de Bourbon-Lancy fabrique des moteurs pour les camions Unic.
En 1973, après 68 ans de production à Puteaux, les véhicules sont fabriqués à Trappes en collaboration étroite avec Fiat Italie. Unic contribue à la dimension internationale du groupe Fiat aux côtés de Fiat V.I. et OM.
En 1974, la raison sociale devient Unic-Fiat S.A., et le logo sur les calandres reprend les lettres inclinées des modèles Fiat. Unic figure en lettres argent sur fond noir, tandis que Fiat est en lettres noires sur fond argent.
Début 1975, création d'IVECO (Industrials VEhicules COrporation), qui regroupe les marques Fiat V.I., OM, Lancia V.I., UNIC et Magirus-Deutz (Klockner Humboldt Deutz).
En 1982, le nom Iveco apparaît à l'avant des camions à côté de celui d'Unic, qui subsiste jusqu'en 1984.

En 1985, Unic ne fabrique plus de camions complets.
En 1992, Iveco Unic S.A. devient Iveco France S.A.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi

ZU 65 / 66
camion porteur
1954-1956
4 en ligne
6,56 L.
100 ou 110 cv / 1950 t/m
4,4 à 4,65 T.
63 à 72 km/h
André FRANQUIN :
QRN sur Bretzelburg  (1963)
(Intégrale tome 8)



Dans QRN sur Bretzelburg, Fantasio est enlevé par méprise, et par la Bretzelpolizei, en lieu et place du radioamateur Switch, coupable de radiocommunications clandestines avec le roi du Bretzelburg retenu prisonnier dans son palais. Pour retrouver Fantasio, Spirou entraîne Switch en train vers la principauté du Bretzelburg. Découverts à la frontière, ils doivent fuir, aidés par une organisation de résistance au régime du général Schmetterling; et c'est en passagers d'un camion porteur Unic ZU 66 qu'ils parviennent à Krollstadt, la capitale...

Depuis 1952, Simca est aux commandes d'Unic. Sous l'impulsion de son PDG, H.-T. Pigozzi, les dirigeants d'Unic vont moderniser radicalement une gamme vieillissante, dotée alors de cabines composites à tôles d'acier habillant une structure en bois; souffrant d'une réputation (pas forcément justifiée) de fiabilité incertaine, elle plafonnait de surcroît à un tonnage moyen.
Ils confient au styliste Ph. Charbonneaux le dessin d'une cabine nouvelle , qui sera réalisée par une filiale spécialisée du célèbre carrossier Letourneur & Marchand. Avec une calandre enjolivée de 3 moustaches horizontales en aluminium, les lignes de cette cabine entièrement métallique (appelée LONGCHAMP), rajeunissant l'image de la marque, suggèrent puissance et modernité, et caractériseront la gamme Unic durant plusieurs décennies. Revue techniquement en profondeur, la nouvelle gamme moyenne et haute, présentée au Salon 1954, comprend 4 modèles, du ZU 65 de 12 T. de PTC (C.U. de 6 T.) à moteur 4 cylindres, au tout nouveau ZU 120 de 19 T. de PTC (C.U. de 12 T.) et moteur 6 cylindres, chacun en versions porteur et tracteur. Grâce à elle, la production annuelle d'Unic augmente d'un tiers en 1955, atteignant 2.852 exemplaires... pour bondir à 5.177 en 1956 !
Début 1956, la gamme évolue légèrement, les ZU 65 devenant ainsi ZU 66 (en 2 versions, A ou B, selon le PTC), avec, depuis le printemps 1955, un capot discrètement retouché, les grosses ouïes d'aération latérales du début laissant place à des grilles munies de joncs enjoliveurs, afin de remédier à des problèmes de refroidissement.
Mais, de par sa forme en pyramide, la calandre à 3 moustaches s'est révélée fragile, des cassures y apparaissant régulièrement. Aussi, la gamme remaniée présentée au Salon 1956 voit-elle la cabine LONGCHAMP dotée d'une nouvelle calandre en deux parties séparées par un profilé horizontal en acier embouti qui la rigidifie; elle adopte également quatre projecteurs (contre 2 auparavant). C'est alors qu'apparaissent également les noms des cols français pour désigner les modèles (Somport et Puymorens, par exemple, pour les ZU 66).

Le camion qui emmène Spirou et Switch à Krollstadt est un Unic ZU de 1954/56 (calandre à 3 moustaches). Sa carrosserie "fourgon primeurs" semble désigner la version de plus faible tonnage, donc un ZU 65 ou 66; seule une vue latérale plus précise du capot permettrait de préciser le cas échéant...

MOSKVITCH

Les origines de Moskvitch remontent à 1930, lorsque fut érigée à Moscou, avec le concours de Ford, l'usine KIM (acronyme de mots signifiant « Internationale de la Jeunesse communiste »), affectée au départ à la firme GAZ, et dont la production démarre en novembre 1930. L'usine prend son autonomie en 1939, avec la sortie d'une petite voiture de tourisme, la KIM-10, inspirée de la Ford Prefect britannique.

Le vrai départ : l'entreprise MZMA
En 1945, l'usine est rebaptisée MZMA (« Usine moscovite de voitures de petite cylindrée »). Sa production adopte la marque « commerciale » MOSKVITCH, dont le modèle inaugural est le type 400, une petite limousine construite d'après les plans et l'outillage de l'Opel Kadett K38 d'avant-guerre récupérés en Allemagne; ce sera aussi la première voiture russe vendue, dès 1949, sur quelques marchés occidentaux (dont le Benelux). La firme en dérivera diverses variantes originales : break (421), fourgonnette (422), etc.

Remplaçant la 401 (version améliorée de la 400) de 1954, la Moskvitch 402 sort en 1956. Fortement inspirée des Ford Customline et Taunus 12M de 1952/53, elle avait la particularité d'être aussi disponible en quatre roues motrices : berline 410 (H) et break 411 (H) (les évolutions "H" de 1958 reçoivent le nouveau moteur de 45 cv qui remplace le 1,2 L. 35 cv initial).
En 1957, la 402 est flanquée par un break (423) et un pick-up (430).

1958 marque un tournant pour la marque : la berline 402 devient 407 en abandonnant l'archaïque propulseur à soupapes latérales en faveur d'un moteur d'1,4 L à soupapes en tête développant 45 ch. Fin 1962, l'importateur belge (qui diffuse la 407 au Benelux sous le patronyme "Scaldia", nom latin de l'Escaut) aura l'idée de lui greffer une motorisation Diesel (Perkins 1,6 L. de 43 ch), ce qui en fera la première voiture russe utilisant ce carburant.
La 407 est remplacée en décembre 1963 par la... 403, qui ne se différencie de sa devancière que par quelques détails, comme la calandre.
À la fin des années 1950, une Moskvitch sur trois est exportée (taux qui montera plus tard à la moitié, au début des années '70)...

En 1964, Moskvitch cherche à conquérir le marché européen en présentant la berline 408, basée sur l’Opel Kadett A; une voiture aux lignes rajeunies, plus carrées, vaste et confortable, mais qui conserve la partie technique de sa devancière sans l'améliorer sensiblement, avec cependant un petit gain de puissance, qui passe à 60,5 ch. Sur base de la 408, la marque avait aussi construit deux prototypes de cabriolet ("Tourist"), qui resteront sans suite.

Le 15 octobre 1966, MZMA signe un important protocole de coopération technique avec un constructeur « de l'Ouest » : la Régie Renault, qui fournira à Moskvitch deux nouvelles usines quasiment « clefs en main ». L'une des deux est en fait destinée à la firme IZH (fabricant d'armes à l'origine) d'Ijevsk (Oural), qui depuis 1958 cherche à se diversifier en se tournant vers l'automobile, et que choisit le gouvernement pour y délocaliser en partie la production moscovite en surchauffe; IZH commence à produire des Moskvitch (408, puis 412) à partir de fin 1966. L'usine "Renault" y sera opérationnelle fin 1970.
Le second volet de l'accord avec Renault implique que ce dernier assemblera la 408 dans son usine belge de Vilvoorde un an plus tard; la Belgique assemblait déjà des Moskvitch, près d'Anvers, depuis le début des années 1960.

En février 1968 est dévoilée la Moskvitch 412, qui reprend la carrosserie de la 408 en lui greffant des phares rectangulaires et de nouveaux feux arrière; mais le moteur, lui, est tout nouveau : un 1500 cc en alliage léger, développant 80 ch. Ce modèle, produit aussi par IZH, s'avère un vrai succès ! Il s'en vendra au Royaume-Uni, en Norvège, en Finlande, au Koweït, mais aussi en Équateur et en France. Si sa carrière prend fin en 1976 chez Moskvitch, IZH continuera à la produire, à travers diverses évolutions, jusqu'en 1997 !

Un nouvel avatar : AZLK
En octobre 1968, l'entreprise change à nouveau de nom, pour prendre celui d'« AZLK » (« Fabrique automobile de la Jeunesse léniniste »)…

En 1975, Moskvitch fait appel au studio moscovite du concepteur Raymond Loewy pour remplacer les 408 et 412 par deux modèles, identiques extérieurement, mais dotés de moteurs différents : ce seront respectivement les 2138 (épaulée par le break 2136), et 2140 (accompagnée du break 2137); les deux versions sont aussi déclinées en fourgonnettes (2733 et 2734). Si le style est plus moderne, le châssis, moteur, boîte, etc., restent les mêmes. À partir de 1981 s'ajoute à la gamme une version 1500 SL, destinée à l'export, motorisée par un 1600 Lada de 78 ch.
La 2138 disparaît du catalogue en 1986; mais sa sœur 2140 sera fabriquée pendant près de vingt ans, jusqu'en 1994. Comme ses ancêtres, la 2140 a aussi reçu un moteur Diesel (1,8 L, disparu en 1988).

Début 1986, Moskvitch présente sa dernière-née, la 2141, copie presque conforme de la Simca 1307 de... 1976 ! C'est une traction, au style nettement plus moderne que les précédentes productions de la marque. La 2141 est vendue en Europe - sans succès - sous le nom d'Aleko, Importée en France entre 1990 et 1993, l'Aleko y connut le même échec, malgré les efforts de l'importateur qui, pour masquer une finition très moyenne, proposait une version SL munie d'équipements spécifiques.
En Russie, la 2141 connut de multiples versions : pick-up (2335), fourgonnette, break (2901) doublé d'une version "ambulance"...

1991-2001 : l'entreprise « Moskvitch » - Le déclin... la faillite.
Après la chute de l'URSS, l'entreprise est privatisée en 1991, et adopte officiellement le nom de « Moskvitch ».
En 1998, plus de trente ans après le premier accord, Moskvitch en conclut un second avec Renault, pour la livraison de moteurs 2 litres. La même année, la gamme est profondément remaniée, et les diverses versions de l'Aleko reçoivent des noms liés à l'histoire russe : « Svjatogor » pour la cinq-portes, « Youri Dogulruki » pour la version longue, mais aussi « Knjas Vladimir », ou « Ivan Kalita ».

Mais la crise financière russe de 1998, entraînant la dévaluation du rouble, ralentit fortement la production, et les derniers modèles de la marque laissent perplexe : la berline tricorps Ivan-Kalita, version luxueuse de la 2142, ainsi que son coupé (Duet), arborent ainsi une large calandre chromée façon Bentley, qui détonne sur un modèle de la catégorie. Les ventes s'effondrent, et Moskvitch est placé en redressement judiciaire en 2001; les chaînes sont alors arrêtées.

L'entreprise est officiellement déclarée en faillite en 2006. En 2005, un tiers des bâtiments de l'usine avaient été vendus, et serviront à fabriquer des Renault Logan en 2006.
Alors que Renault avait paru intéressé à récupérer les droits sur la marque Moskvitch, dans l’optique de relancer une marque bon marché, les autorités de Moscou ont annoncé en mars 2015 que l'ancien site de l'usine, dans le sud-est de Moscou, serait transformé en bureaux et hôtels.

TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi

410 (H)
berline 4x4
1957 - 1961
4 en ligne
1220, puis (dès 1958) 1358 cc
35, puis 45 cv / 4500 t/mn
1070 kg
95 km/h
TARRIN & NEIDHARDT :
Spirou chez les Soviets (2019)
(Spirou Classique n° [0])


Le comte de Champignac a disparu ! Il a été enlevé par des agents du KGB... Des savants russes ont besoin de lui pour les aider à répandre le gène du communisme dans le monde entier. Dans le contexte de la guerre froide, Spirou et Fantasio s'envolent pour Moscou... Ayant réussi, non sans peine, à franchir la douane soviétique sous couvert d'un prétendu reportage pour Vaillant (Pif Gadget), le journal communiste de l'époque, ils sont aussitôt cornaqués par une guide de poids (!), Natalia [clin d’œil à une ritournelle de l'époque chantée par Gilbert Bécaud, Nathalie]. À la sortie de l'aéroport, celle-ci les conduit vers une Moskvitch 410 (H) jaune, garée au milieu d'une flottille de voitures analogues, pour les emmener visiter en premier lieu la Place Rouge...



Version à 4 roues motrices de la berline Moskvitch (402, puis 407), la 410, est présentée en 1957 avec le moteur 1,2 L à soupapes latérales. Dès 1958, elle devient 410H en recevant le moteur 1,4 L à soupapes en tête. La carrosserie, les garnitures et l'agencement des sièges passagers sont similaires à ceux de la 407.
L'allure générale de la 410 (H) est quelque peu différente en raison de sa carrosserie surélevée, ainsi que de pneus plus gros.
Par rapport à la 407, la 410H se dote d'un radiateur d'huile, et comporte un ventilateur et une direction renforcés. La transmission 4x4 est assurée par une boîte de transfert à 2 rapports démultipliés. Ainsi équipée, la voiture peut escalader des pentes de 32%, et franchir des cours d'eau de 55 cm de profondeur !
La 410H a été produite à environ 9340 exemplaires.


En fin de journée, cette même voiture emmènera nos amis vers leur hôtel, l'Ukrania. (Noter la plaque d'immatriculation, qui reprend en clin d’œil le patronyme du modèle : "410"...)

... Une vue de la 410H sur un catalogue d’époque (1960) :


GAZ

Voir la notice sur GAZ sur la page des taxis de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0-100 km/h

Tchaïka 13
limousine
1958 - 1981
V 8
5.526  cc
195 cv / 4400 t/mn
2.100 kg
160 km/h
20 "
TOME & JANRY :
Spirou à Moscou (1990)
(Intégrale tome 15 )


Dans Spirou à Moscou, Spirou et Fantasio sont conduits - bien malgré eux - à Moscou pour y combattre la mafia russe... À leur descente d'avion, ils sont accueillis par le colonel Lafidmerev, du KGB, qui les prend en charge à bord de cette GAZ Tchaïka 13 (noire, bien sûr). Cette voiture finira mal...
À la fin de l'épisode, mission accomplie, Spirou et Fantasio sont reconduits à l’aéroport à bord d'une autre Tchaïka 13.
La GAZ Tchaïka (Ча́йка; « mouette » en français) est présentée à l’Exposition Universelle de Bruxelles en avril 1958. Elle remplace la 12 ZIM comme haut de gamme du constructeur de Gorki; les Tchaïka étaient réservées aux personnalités importantes du pays (aucun particulier ne pouvait l'acquérir), et leur production resta de ce fait assez limitée.
Copiée sur la berline Packard Patrician de 1955, la Tchaïka est longue de 5,60 m et large de 2 m. Le prototype de Bruxelles, non définitif, est motorisé par un V8 en aluminium de 4.890 cm³ développant 180 ch. Pour la production, qui démarre en janvier 1959, ce bloc est remplacé par un V8 encore plus gros : un 5,5 l. de 205 ch ! La vitesse de pointe s’établit à 160 km/h, en dépit du poids important de l’engin…
La Tchaïka récupère la boîte automatique à convertisseur hydraulique de couple étudiée pour la Volga. Son équipement est pléthorique : vitres électriques, siège conducteur réglable électriquement, système de chauffage individuel pour les passagers AR, poste de radio perfectionné, antenne électrique… Sauf rarissimes exceptions, les Tchaïka sont de couleur noire.
Quelques variantes de carrosserie ont été fabriquées très confidentiellement; on dénombre ainsi 8 cabriolets 4 portes (type 13-B), une limousine de parade, 20 breaks (type 13-C) , ainsi que quelques limousines (type 13-A).
Restée au catalogue plus de 20 ans, la Tchaïka 13 a survécu jusqu’en 1981, après 3179 exemplaires produits. Elle est remplacée (dès 1976) par la GAZ 14 Tchaïka, dont la carrière, beaucoup plus courte, se terminera en 1988.




... Et l'inspiratrice (Packard Patrician berline 1955) :





CADILLAC


Voir la notice consacrée à CADILLAC sur la page des voitures de Fantasio.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0-100 km/h

Eldorado Biarritz
cabriolet
1959
V8
6.382 cc
345 ch /4800 t/m
2.295 kg
185 km/h
10"
YOANNN & VEHLMANN :
Dans les griffes de la Vipère (2012)


Sans s'en rendre compte, Spirou a signé un contrat léonin avec la Viper, dont le patron désire le rencontrer. Aussi Spirou doit-il partir le rejoindre aux îles Marmelade, où réside le boss de la Viper.

1959 ouvre une seconde phase de la troisième génération (1957-1960) de l'Eldorado. Cette année-là, le modèle est entièrement redessiné, comme les autres Cadillac. Sa carrosserie se caractérise par d'immenses ailerons qui englobent deux feux arrière sur chaque aile, logés dans des nacelles en forme de fusée (qui disparaîtront dès 1960); par un pare-brise panoramique aux montants à double incurvation; et une calandre en deux parties, séparées par une barre centrale horizontale. Longue de 5,71 m, l’Eldorado fait plus de 2 m de large, et offre 6 places ! Il fut fabriqué 1.320 cabriolets Eldorado Biarritz pour l'année-modèle 1959.
C'est avec un tel modèle que le patron de la Viper fait accueillir Spirou à sa descente d'avion. On peut y voir une sorte d'hommage de Yoann & Vehlmann à Franquin, qui eût adoré dessiner cette voiture extravagante... On notera que l'album ne présente que des vues AR de l'Eldorado, dont on ne voit ainsi jamais la calandre...

N.-B. : Il existe parallèlement une Cadillac "62" cabriolet, dont l'Eldorado est en quelque sorte la version de luxe; si leurs dimensions sont les mêmes, l'Eldorado était plus puissante, et aussi un bon tiers plus chère !

La carrière de l'Eldorado se terminera en avril 2002, après 50 ans de production, à travers 10 générations de modèles... L’usine qui en fabriquait l'ultime génération, dans le  Michigan, fermera ses portes en 2006.


BMW


Voir la notice consacrée à BMW sur la page des voitures européennes de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0-100 km/h

700
coach
1959-1962
4 CV
2 à plat
697 cc
30 cv
640 kg
120 km/h
30"
André FRANQUIN :
QRN sur Bretzelburg (1961)
(Intégrale tome 8)


Au début de QRN sur Bretzelburg (ép. 66), le marsupilami a dans le nez (!) le transistor (poste de radio miniature) japonais miniaturisé de Fantasio. Ce transistor perturbe la réception d'un radio-amateur du voisinage, Switch, qui communique avec le roi Ladislas du Bretzelburg, qu'un général tient sous sa coupe pour diriger le pays d'une main de fer.
Switch conduit Spirou et le marsu dans son coach BMW 700 vers une clinique vétérinaire, cependant que Fantasio part pour la maison de Switch. De retour chez ce dernier avec la BMW, Spirou et Switch constatent l'enlèvement de Fantasio (pris pour Switch !), par des hommes de la Bretzelpolizei...

La BMW 700 doit le jour à une initiative de l'importateur BMW en Autriche, Wolfgang Denzel, lui-même micro-constructeur de voitures spéciales, et ancien pilote de course. Actionnaire minoritaire de BMW (en crise financière, et sur le point d'être absorbée par Daimler-Benz), il fait réaliser une carrosserie spéciale par Michelotti, en Italie, sur un châssis allongé de BMW 600, alors produit phare de BMW, mais qui se vendait mal, rappelant la période d'austérité des lendemains de guerre.
Le styliste italien dessina une voiture aux lignes élégantes, déclinée en coupé et en coach (deux portes), que rejoindra un cabriolet (carr. Baur) en 1961. La 700 est la première BMW dotée d'une structure monocoque en acier. Elle reprend le moteur, d'inspiration motocycliste, monté sur la 600 : un bicylindre à plat, placé en position "tout à l'arrière"; une turbine à air forcé refroidit les cylindres via une boite à air et deux gros conduits. Délivrant originellement 30 ch, il sera poussé plus tard à 40 ch, voire à 70 ch sur quelques versions spéciales (RS) destinées à la compétition.
Des suspensions à roues indépendantes très efficaces, diverses solutions "nobles" comme la direction à crémaillère et une boîte de vitesses à synchros Porsche, et un poids limité (autour de 650 kg) en feront une remarquable voiture de sport et de rallye en dépit de sa petite taille.
Lancée en 1959 au salon de Francfort, la 700 deviendra LS en 1962, en recevant un châssis à empattement allongé. Toutes versions confondues, la voiture resta cinq ans en production, avec un total enviable de 181.411 exemplaires produits, dont 143.000 coaches (appelés Limousine en allemand). BMW se tournant ensuite vers des modèles plus importants, il faudra attendre... les années Mini pour que la 700 trouve un successeur !


JAGUAR

Voir la notice consacrée à JAGUAR sur la page des voitures anglaises de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids
Vitesse maxi
0-100 km/h

Mk X
berline
1961-1966
22 / 24 CV
6 en ligne
3L8 puis 4L2
265 cv
1.880 kg
190+ km/h
9"8
C. CAMBRE & M. LEGENDRE
De Wolfman [Le Loup-garou]
(Robbedoes Spécial n° 3; 2018)

Au Salon de Londres d'octobre 1961, quelques mois après l'icônique Type E, Jaguar crée à nouveau la surprise en exposant la Mk X (Mark Ten), qui remplace la classique berline Mk IX dont les origines remontaient à... 195O. Marquant une rupture avec sa devancière, cette luxueuse voiture aux lignes modernes - la plus grande Jaguar jamais produite - se présente comme un modèle de prestige, apte à séduire une clientèle aisée et raffinée. La ligne, basse et aérodynamique, avec quatre phares encadrant la calandre, préfigure les futures berlines chez Jaguar. L’intérieur se pare de cuir et bois précieux; de vinyle aussi... non pour des raisons de coût, mais parce que ce matériau est alors à la mode ! S'il la destine au marché américain, Jaguar compte aussi sur la Mk X pour concurrencer les Rolls–Royce vendues trois fois plus cher.

Techniquement, cette immense Jaguar ( 5,10 m !) a une structure monocoque, avec quatre roues indépendantes. Le train arrière vient de la Type E; il est entièrement démontable d’un bloc, avec disques de freins in-board. Le moteur 3,8 L, provenant également de la E, propulse la voiture à une vitesse maximale d'environ 190 km/h : une performance à l’époque pour une voiture de deux tonnes (une DS peinait à atteindre 150 km/h) ! Le comportement lui aussi impressionne : stable, équilibrée et précise, la voiture ne souffre pas des mouvements de caisse que pourrait induire son gabarit. 
A partir de 1964, le 6-cylindres en ligne passe à 4.2 L.
Au Salon de Londres 1966 intervient un léger restylage, à l'occasion duquel le modèle change de nom, devenant Jaguar 420G. Il se différencie par une calandre plus grande, ornée d’une barre centrale verticale, et par une baguette chromée latérale à mi-hauteur.
Toutes versions confondues, la Mk X sera (sous ce nom) fabriquée à 18.700 exemplaires.

Dupuis, et Ballon Media (qui distribue les BD en néerlandais du groupe Média-Participations) ont produit en 2017-2018 une série d'albums originale, baptisée Robbedoes Spécial, avec Charel Cambré au dessin, sur un scénario signé Marc Legendre. Selon la volonté des Auteurs, l'esprit de Franquin habite l'histoire et les dessins.
Le tome 3 (et dernier !) de la série, De Wolfman, se déroule dans la belle région de Machin, où sévit M. Richinuff, un riche américain, qui veut y construire un gigantesque parc d'attractions qui devrait attirer des foules de touristes. Spirou surprend par hasard une conversation téléphonique suspecte. Apparemment, Richinuff a découvert quelque chose dans une mine abandonnée...
Les circonstances conduisent Spirou (Robbedoes) à rester accroché à une... "aile volante" (!) totalement improvisée, qui finit par céder, faisant atterrir Spirou sur le toit de la Jaguar Mk X de Richinuff... dont il devient ainsi le... passager (,!) impromptu !
Noter que le dessin de Cambré manque parfois de constance ! Par exemple, sur le dessin ci-dessus, les 2 grilles d'avertisseurs intérieurs (en bas) paraissent verticalement sous les phares intérieurs - contrairement à la réalité, où elles sont proches de la calandre, ce qui est bien le cas sur la plupart des vues AV de la voiture dans l'album...



TRABANT


AWZ Sachsenring était un constructeur automobile public ["V.E.B.", usine du peuple] est-allemand établi à Zwickau, en Saxe. Il fut fondé par l'union, effective en mai 1958, des usines AWZ (ex-Audi/DKW) et Sachsenring (ex-Horch), établies à Zwickau. La firme AWZ Sachsenring reste surtout connue pour sa fameuse Trabant (Satellite), produite en différentes versions de 1958 à 1991, et qui fut la voiture symbole de l'Allemagne de l'Est. Trabant était d'ailleurs la marque commerciale utilisée sur les marchés d’exportation.
Parmi les voitures produites à l'époque, les Trabant se distinguent par leur carrosserie réalisée en matériau composite (le Duroplast), face à la pénurie d'acier en RDA.

Après la fusion de 1958, AWZ continue à produire un modèle de transition, la P70 Zwickau, à carrosserie en Duroplast - une traction animée par un moteur bicylindre deux temps de 22 PS associé à une boîte 3 vitesses. Sa carrière s'arrête en juin 1959, au moment où la première Trabant, la P50, est prête à prendre un relais efficace en terme de volume de production. Son moteur, version "réduite" du bicylindre 2 temps de la P 70, est un 500 cc qui développe 18 PS sur 4 vitesses. Lui succédera la P60 (1962-1965), version améliorée de la P50 avec 600 cc et 23 PS, qui elle-même cédera la place à la plus emblématique des Trabant : la 601 (1964-1990). Simple rajeunissement de la P60, elle évoluera assez peu au cours de sa longue carrière...

Épilogue
Après la mainmise de l'Ouest sur l’Allemagne de l'Est, le groupe VAG (VW) racheta la firme AWZ, qui produisit son dernier modèle (une Trabant 1.1 Kombi) le 30 avril 1991...
Privatisée en 1992, et depuis lors simple sous-traitant de l’industrie automobile, l'entreprise est devenue en 2014, après quelques avatars, la Sachsenring Karosseriemodule GmbH, avec seulement quelques dizaines d'employés. Un dernier prototype de véhicule utilitaire léger à motorisation hybride (l'UNI1) avait toutefois été présenté en 1998, mais sans suite.

En 2007, des droits de la Trabant sont rachetés par... un fabricant allemand de miniatures, Herpa, situé à Zwickau. En septembre 2011, Herpa associé à l’équipementier automobile IndiKar présente au Salon de Francfort un prototype 100%  électrique : la Trabant nT (Neue Trabi). D'aspect rétro-nostalgique, la voiture conserve ses traditionnels phares ronds et des lignes anguleuses rappelant le brèque Trabant P 601 Universal. Ce dernier avatar en date était prévu pour être commercialisé en 2012, au prix de 20.000 €... La recherche subséquente d’investisseurs ayant échoué, le véhicule n’a jamais été fabriqué en série.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Moteur
Catégorie
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance
Poids à vide
Vitesse maxi

601
coach
1969-1980
2 temps
3 CV
2 en ligne
594,5 cc
26 PS
615 à 650 kg
100 km/h
FLIX :
Spirou à Berlin (2019)
(Dupuis)

L'album de FLIX, "Spirou à Berlin", se déroule à l'été 1989. Après avoir reçu une invitation pour un congrès de mycologie à Berlin, le comte de Champignac est enlevé... Spirou et Fantasio comprennent très vite que la Stasi en est responsable ! Ils filent aussitôt à Berlin-Est avec leur Turbo I. À Berlin, Fantasio finit par être arrêté, tandis que Spirou peut s'enfuir !
On le retrouve se réveillant en compagnie d'un... orang-outan, avant de rencontrer une résistante au régime, Momo. Mais tous deux se voient entourés d'une horde de... gorilles du régime (!), auxquels ils peuvent échapper grâce à une Trabant 601 conduite par... l'orang-outan !! après un formidable saut acrobatique au-dessus des "gorilles"...
L'image ci-dessus figure sur la couverture de l'album. Elle représente parfaitement la Trabant 601.... mais non la scène de l'album, dont Fantasio est absent (il est en prison !)


C’est en 1961 qu'est lancé le projet P601, destiné à remplacer la Trabant P50 (qui va sur ses quatre ans) par un modèle d'aspect plus moderne doté d’un nouveau moteur. La nouvelle Trabant 601 est finalement présentée en mars 1964. Ses lignes, dans l’air du temps, évoquent une Peugeot 404 en réduction, et la 601 fait bonne figure par rapport à la concurrence de l’époque : VW Coccinelle, DAF Daffodil, Sunbeam Imp et, dans une moindre mesure, FSO Syrena (fabriquée en Pologne). La Trabant est aussi devenue plus fonctionnelle : les surfaces vitrées augmentent de 26 %, le volume du coffre (+12%) et l’espace intérieur sont également revus à la hausse.
Rien de neuf en revanche sous le capot : elle reprend le bicylindre deux-temps de 594 cm3 de la P60 en position transversale, développant toujours 23 PS (CV DIN), et doté d'un système de roue libre débrayant le moteur à chaque décélération (ce qui évite le serrage des pistons).
Comme les modèles précédents, la 601 reçoit une carrosserie en Duroplast; mais il ne faut plus désormais que 70 heures pour fabriquer une 601, ce qui représente un gain de 60 %.

Un an après son lancement, la Trabant « Standard » est épaulée par la version 601 H, équipée d’un embrayage électromagnétique qui supprime la pédale d’embrayage.
En août de cette même année 1965, un break Universal fait son apparition, suivi en 1966 par une version évoquant la Kübelwagen des années 1940 (réservée à l’armée et à la Volkspolizei), puis en 1967 par une fourgonnette, destinée à l’exportation.

En 1966, la gamme s’enrichit d’une finition L dotée d'une sellerie de meilleure qualité et d'accoudoirs à l’avant, reconnaissable à ses pare-chocs chromés et sa calandre grillagée en métal. Elle deviendra Luxe en 1967, alors qu’une exécution intermédiaire S apparaît.
En décembre 1968, la puissance du moteur passe à 26 PS, grâce à un nouveau carburateur et des améliorations au niveau du moteur. En 1969, la calandre grillagée de la Luxe est généralisée.

Alors que les précédents modèles d'AWZ n'avaient guère quitté la RDA, la 601 tente de s’exporter. Elle conquiert ainsi presque tout le bloc de l’Est, à l'exception notable de l’Union soviétique, qui entend protéger ses constructeurs nationaux. Jusqu'au début des années 1980, la Trabant 601 parvient même à séduire quelques marchés occidentaux : pays nordiques aux hivers rigoureux (qui en apprécient le refroidissement par air), Pays-Bas, Belgique (environ 600 unités immatriculées jusqu’en 1971), ainsi que la Grèce, où les véhicules bon marché des pays de l’Est eurent toujours du succès. La RFA en importa même quelques centaines d’exemplaires.

En 1973, la millionième Trabant 601 sort des chaînes. Ce chiffre, en neuf ans, paraît modeste : mais sa carrosserie en Duroplast entraîne un temps de fabrication bien plus long que chez les autres constructeurs. Cette même année, la fourgonnette disparaît des chaînes : il n’en a été fabriqué que 1 300 exemplaires depuis 1967.

L’année 1978 voit apparaître l'originale « Tramp », version civile de la torpédo militaire de 1966. Quelques exemplaires seront exportés (principalement au Danemark et en Grèce).
En 1979, la Trabant étoffe sa gamme avec une version « S de Luxe », caractérisée par une sellerie de meilleure facture et un feu de recul. Jusqu’en 1990, la gamme s’articulera autour de ces trois finitions : Standard, S, et S de Luxe.
Lorsque l’industrie automobile adopte la mode du plastique noir, AWZ en équipe sa 601… aux extrémités du pare-chocs avant (1980), puis aux poignées de portes (1982) ! En septembre 1985, la Trabant reçoit enfin un allumage électronique. Sur la version S de Luxe, un toit ouvrant en verre enrichit le catalogue des options.
Ajoutons qu'entre 1986 et 1988, AWZ a aussi fabriqué, en petite série, une version rallye de la 601 : la 800 RS, qui voyait son bicylindre « gonflé » à 711 cm3, et recevait une boîte à cinq rapports.

En 1990, après l’ouverture du marché à la concurrence, les Allemands de l’Est se ruent sur les voitures d’occasion fabriquées à l’Ouest : la Trabant 601, vieille de 26 ans, ne peut lutter...  son moteur deux-temps est de plus condamné par les normes anti-pollution ! Et, le 25 juillet 1990, la dernière Trabant 601 quitte l'usine de Zwickau... Tous modèles confondus, 2 818 547 en auront été fabriquées au total.
En mai 1990, AWZ tente un dernier sursaut, en sortant une ultime version, dont quelques replâtrages cosmétiques tentent de dissimuler l'âge : la Trabant 1.1, équipée du quatre cylindres quatre temps de la Polo Volkswagen. Moins de 39.000 exemplaires seront fabriqués jusqu'en avril 1991.
Un dernier espoir : la Trabant IVM (Foire de Leipzig 1990), qui modernise la 1.1 en gommant ses angles vifs ; mais elle restera au stade de prototype (visible au musée Horch de Zwickau).

La Trabant 601 fut fabriquée de 1964 à 1990. Mais certains détails permettent de dater plus précisément la voiture dessinée par FLIX. Ainsi, ses montants verticaux AR (voir par exemple p. 75, ou 77 de l'album de luxe) portent une petite grille d'aération à stries horizontales, laquelle fut introduite en août 1969; c'est aussi l'année où l’emblème de la marque quitte la calandre, pour apparaître sur le capot sous forme d'un insigne rond (bien présent sur notre modèle). Par ailleurs, en avril 1980, les pare-chocs reçoivent des protections en plastique noir aux extrémités, ce dont notre modèle est dépourvu.
Cette Trabant 601 est donc au plus tôt de 1969, au plus tard de 1980. Sachant qu'en 1990, les Trabant en circulation avaient près de 14 ans d'âge en moyenne (et la moitié plus de 10 ans !), notre modèle pourrait remonter en moyenne à 1975 (= 1989-14), soit au beau milieu de notre intervalle...

V.W.

Voir la notice consacrée à VOLKSWAGEN sur la page des Voitures européennes de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Refroidt.
Puissance

T3 Caravelle
microbus
1979–1983
4 à plat
1,6 ou 2 L.
par air
50 ou 70 cv
FEROUMONT :
Fantasio se marie (2016)



Grâce à Seccotine, Spirou s'est infiltré parmi les invités d'un défilé de mode, lorsqu'il assiste, médusé, au vol audacieux sur scène, par l'un des modèles du défilé, du collier fameux qu'elle exhibe, le Clair de Lune, dont Seccotine et lui cherchaient la trace ! La voleuse est assistée de l'extérieur par une complice, et toutes deux s'enfuient à bord de ce minibus... Pris au vol par Seccotine en scooter, Spirou s'est élancé à leur poursuite... Coutumier de l'exploit, il s'accroche au véhicule, avant de s’immiscer à l'intérieur...

L'une des (nombreuses...) critiques que l'on peur adresser à Féroumont sur cet album est de nous replonger aux temps héroïques de la Série quant aux décors en général, et aux véhicules en particulier. Un dessinateur peut juger fastidieux ce type d'exercice dans un contexte (forcément) contemporain : alors l'on ne se lance pas dans la réalisation d'un album dont l'action s'y déroule !... Ainsi, le minibus des voleuses de collier évoque certes un T3, mais c'en est surtout la caricature... même l'insigne de calandre (VW) y est inversé !
Heureusement, Féroumont conserve quelques détails caractéristiques : la calandre, la découpe de la porte, la forme des passages de roues, le pli de tôle courant latéralement au bas de la caisse, les pare-chocs et clignotants AV, etc. On comparera les dessins de Féroumont au véhicule réel (en bas, à gauche), d'une couleur voisine.

Troisième génération du Type 2 (ultérieurement Transporter) depuis 1950, le T3 est un véhicule utilitaire léger produit par Volkswagen de 1979 à 1992 (et jusqu'en 2002 en Afrique du Sud pour le marché local). Comme ses prédécesseurs et successeurs, il connut de nombreuses versions, du plateau au camping-car, en passant par des versions tôlées, vitrées, etc. Ce sera la dernière fourgonnette VW à moteur arrière (en 1990, son successeur, le T4, aura le moteur à l'avant, comme les autres modèles VW de cette période, hors la Coccinelle (ou Type 1), fabriquée alors au Brésil et au Mexique).

Le T3 pris d'assaut par Spirou est un modèle à refroidissement par air, reconnaissable à l'absence de la grille de calandre inférieure qui équipera les modèles suivants à refroidissement par eau ou à moteur diesel, qui le remplacent à partir de 1983.
MERCEDES

Voir la notice consacrée à MERCEDES sur la page des Taxis divers de Spirou.
TYPE
Carrosserie
Année(s)
Nb. de cyl.
Cylindrée
Puissance

T2 (508 D)
fourgon tôlé
1981–1986
4 en ligne
3.758 cc
80/85 PS/2800 t/m
TOME & JANRY :
L'Incroyable Burp (1984)
(Intégrale tome 14)



 Alors que Dupilon avale du X4, un nouveau produit inventé par le Comte, une mystérieuse équipe d'hommes déguisés en extra-terrestres arrive au bureau de poste de Champignac-en-Cambrousse pour tourner une séquence vidéo... Spirou et Fantasio arrivent sur ces entrefaites, et... le tournage prétendu s'avère en fait être un cambriolage ! Spirou veut intervenir, mais il est assommé, et emmené en otage dans la camionnette Mercedes des malfrats !
Ce fourgon est du type T2, probablement un 508 D, le plus courant... Au vu de sa calandre, il est de la période 1981–1986.

Successeurs du Mercedes L319 (1955 - 1968) dont ils reprennent nombre de pièces, les Mercedes de la gamme T2/L doivent leur renommée à leur légendaire robustesse. Le plus emblématique d'entre eux reste le L 508 D, plus simplement appelé «  508 », doté du moteur "OM-314" qui a équipé des poids-lourds jusqu'à 8 tonnes de PTAC (LP808, 809, etc), mais également des engins agricoles type MB-Trac et des Unimog.
Le T2 fut produit de 1968 à 1986, avec très peu de modifications. En 1981, sa face avant est restylée (calandre et entourage de phares en plastique noir), et les feux AR émigrent des pare-chocs vers les coins des montants de carrosserie (pour les fourgons).
Structurellement, le L 508 D est un T2/L du type "309", châssis commun aux L406D, L407D, L408D (très rare), L508D, ainsi qu'aux modèles à essence L408 et L409. C'est le plus puissant des véhicules sur cette base, qui est quasi identique aux types 310 (L608D), et 313 (L613D, équipé d'un moteur 6 cylindres). Il a été décliné en fourgon bas, haut, court, très court, long, et a même existé en 2 largeurs différentes pour les fourgons (appelés Jumbo ou XXL pour les versions très larges, reconnaissables à leurs roues très à l'intérieur de la caisse).
Il fut fabriqué environ 450.000 exemplaires des T2 de première génération, remplacés en 1986 par un "nouveau" T2 (types 667 à 670), auquel succédera le Vario (1996–2013), et dont l'actuel Sprinter est l'héritier.

PANHARD


René PanhardLevassor En 1889, la Société Panhard et Levassor, fondée par les ingénieurs René Panhard et Émile Levassor, s'assura l'exclusivité des brevets Daimler sur le moteur à pétrole, et construisit la première voiture mue par un moteur à explosion fonctionnant au pétrole. La première course automobile de l'histoire (Paris - Bordeaux - Paris, 1200 km), en 1895, fut remportée par Émile Levassor, et pendant dix ans, jusqu'en 1905, les voitures Panhard remportèrent pratiquement toutes les courses auxquelles elles participèrent.
Dès 1891, les six premières voitures commercialisées avaient été livrées à la clientèle, et la fabrication ne cessera de croître d'année en année. Après la mort de Levassor en 1897, la société fut transformée en Société anonyme des anciens établissements Panhard-Levassor, dont Daimler fut administrateur jusqu'à sa mort.
En 1905, l'entreprise comptait 1500 ouvriers travaillant sur un immense quadrilatère compris entre les avenues d'Ivry et de Choisy. D'autres ateliers venaient d'être construits à Reims pour augmenter la capacité de production.
Un an après la mort de René Panhard, en 1909, la Société lançait un nouveau moteur "sans-soupape", d'une puissance supérieure au moteur à soupapes, pour une consommation égale.
La guerre de 1914-1918 provoqua la reconversion des ateliers pour y fabriquer des munitions et des véhicules adaptés aux besoins de l'armée.
Les années de l'après-guerre furent consacrées à l'étude de nouveaux modèles, qu'il serait trop long de mentionner ici. On signalera seulement la sortie, en 1926, des premières voitures 6 cylindres de tourisme sans soupapes (CS et DS) présentées au Salon de Paris, début d'une remarquable lignée aboutissant, de 1930 à 1939, à la production des "Dynamic" et "Panoramic". Pendant la même période, la construction des véhicules industriels se développait de façon importante; des voitures Panhard établissaient aussi des records de vitesse et d'endurance.
La Seconde Guerre mondiale vint, une fois encore, engager les usines en faveur de productions pour la défense nationale.

Si les Panhard d'avant guerre étaient plutôt des voitures de luxe, après-guerre la firme change de politique pour produire des voitures économiques très rapides avec la gamme Dyna, des tractions avant dotées d'un moteur à deux cylindres opposés de 610 cm3 et refroidissement par air.
Le prototype d'étude aérodynamique "Dynavia" en aluminium fut exposé au Salon de Paris en 1948. Il servira de base pour l'étude de la berline "Dyna Z", présentée en juin 1953; elle sera fabriquée jusqu'en 1959, date où elle cédera la place à son évolution modernisée, la PL 17.

Des accords furent conclus en 1955 et 1956 avec Citroën, permettant une meilleure utilisation des installations (montage à Ivry des fourgonnettes 2 CV), et la coordination partielle des réseaux commerciaux. Cette entente aboutira en 1965 à la fusion des deux sociétés sous la dénomination "Citroën SA, Automobiles Citroën, Berliet, Panhard".
En 1967 Panhard arrête la production d'automobiles : la dernière Panhard de tourisme, un coach 24 BT, tombe de chaîne début septembre; désormais, Panhard ne fabriquera plus que des véhicules militaires, activité qui se poursuit de nos jours.
À la suite des fusions avec Peugeot (1976) et Talbot (1980), la firme, devenue filiale de Peugeot SA, retrouvera son autonomie sous la raison sociale "Société de Constructions Mécaniques Panhard-Levassor" (SCMPL), toujours en vue de produire des chars et engins blindés.

Début 2005, PSA Peugeot Citroën vend la société Panhard aux automobiles Auverland, firme fondée vingt ans plus tôt; mais PSA conserve le nom prestigieux de « Panhard » pour une éventuelle future utilisation civile  (en 1979, Peugeot avait déjà envisagé de ressusciter le nom de Panhard pour les modèles de Chrysler-Europe, avant de choisir finalement Talbot.).  Le nouvel ensemble prend le nom de « Panhard général défense ».
En 2010, Panhard produit des véhicules militaires avec un catalogue d'une quinzaine de véhicules légers; sa production se monte annuellement à 9 500 unités.

En 2012, « Panhard général défense » est rachetée par Renault Trucks Défense (qui... appartient au groupe des Camions Volvo !). Elle exploite, depuis octobre 1973, une usine sise à Marolles-en-Hurepoix (ville natale d'Em. Levassor...), à 40 kms au sud de Paris.
En 2018, Renault Truc Défense devient Arquus, qui absorbe les trois marques qu'elle détient (dont Panhard, dont le nom disparaît ipso facto).
TYPE
Année(s)
Moteur
Puissance
Poids
Vitesse maxi
Autonomie

VBL
1990+
Peugeot turbo-diesel
95 cv DIN
3,5 à 4 tonnes
95 km/h
600 kms
YOANN & VEHLMANN :
Le Groom de sniper alley (2014)





Débarqués à l'aéroport de Bensama, capitale de l'Aswana en pleine guerre civile, Spirou et Fantasio sont accueillis par un détachement de la force d'intervention franco-belge Gros-Nez, venue jouer les supplétifs des armées de l'oncle Sam... Le caporal Michel les conduit au QG franco-belge à bord de ce Panhard VBL, au cours d'un trajet... mouvementé ! (noter, sur une autre case de l'album, le nom, PANART  (!...), inscrit sur le tablier avant).

Le Panhard GD Véhicule Blindé Léger, abrégé en VBL, est un véhicule tout-terrain 4x4, offert en différentes configurations. Il a été conçu pour combiner l'agilité du véhicule de liaison Peugeot VLTT  avec une protection adéquate contre les armes légères, mines, etc. Il consomme 16 litres de carburant aux 100 kilomètres.
Le VBL est amphibie, et peut naviguer à 5,4 km/h; il est également aérotransportable.
Développé au cours des années 1980, il est entré en service opérationnel en France en 1990.


K M W (KRAUSS-MAFFEI WEGMANN)


La Société de matériel ferroviaire WEGMANN se reconvertit dans les années 1930 pour fabriquer des autocars de tourisme et des véhicules militaires.
Krauss-Maffei Wegmann (KMW) a été créé en 1999 par fusion des activités d'armement de Krauss-Maffei (fabricant entre autres du char lourd Leopard 1 et Leopard II), ancienne filiale de Mannesmann, et de la société Wegmann. Depuis lors, KMW est l'un des principaux fabricants en Europe dans le domaine des chars de combat et autres matériels militaires. Le siège social est à Munich.
Fin juillet 2015, cette société privée bo allemande fusionne avec (absorbe...) le français Nexter, qui était un groupe 100% public français, filiale de Giat Industries, ne laissant plus en France que deux entreprises d'armement terrestre mobile : RENAULT RTD (division Poids Lourds, secteur Défense), et PANHARD... Le nouveau groupe allemand devient ainsi le n° 1 en Europe, et le 3ème mondial, en matière d'armement terrestre (véhicules et autres).
TYPE
Année(s)
Moteur
Puissance
Poids
Vitesse maxi
Autonomie

ATF Dingo 2
2000+
Mercedes-Benz
222 ch
12,5 t (au combat)
> 90 km/h (route)
> 1 000 kms
YOANN & VEHLMANN :
Le Groom de sniper alley (2014)



L'ATF Dingo est un véhicule militaire blindé construit sur un châssis Mercedes Unimog. Il est conçu pour résister aux mines terrestres, aux tirs de fusils, aux fragments d'artillerie et à la menace des armes de destruction massive. ATF sont les initiales de Allschutz-Transport-Fahrzeug (véhicule de transport entièrement protégé en allemand). "Dingo" vient du chien sauvage du même nom.
L'ATF Dingo 2 est une version améliorée du Dingo, produite à partir de 2000. Construit sur un châssis Unimog U5000, il offre une meilleure protection et une plus grande charge utile. Il en existe trois versions : courte, longue, et la version GFF, offrant un plus grand volume interne.
L'armement standard du Dingo est une tourelle de mitrailleuse 7,62 mm. Elle peut être remplacée par une mitrailleuse 12,7 mm ou par un lance-grenades automatique.

En juillet 2004, le gouvernement belge commande 220 Dingo 2, connu sous l'appellation MPPV ( Multi Purpose Protected Vehicle) au sein des forces armées belges, où il équipera progressivement les unités de l'armée de terre et le service médical entre janvier 2007 et décembre 2012. Ces MPPV sont fabriqués dans cinq versions différentes : transporteur de troupe (Fus), véhicule poste de commandement (CP), une version ambulance, une version surveillance du champ de bataille, et une version pour observateur avancé. La version de transport de troupe (Fus) peut transporter 8 hommes, la version poste de commandement (CP) 6 hommes, la version ambulance 3 infirmiers + 5 blessés, la version observateur avancé 4 hommes, et la version surveillance du champ de bataille (SVB) 5 hommes.

Dans cet Album, Omar Jalil organise à Bensama, capitale de l'Aswana en pleine guerre civile, une petite foire du Livre, et y invite Spirou, qui accepte. Fantasio et lui, avec Spip, y sont conduits le lendemain dans un Dingo 2 de la force d'intervention franco-belge Gros-Nez... 


(À suivre...)

Sélection de miniatures au 1/43ème
 


NOREV (réf. 8)   (1967)

Miniature, fort bien réalisée, de la Peugeot 172 R de 1927, en plastique, de la collection "Moyen-Âge" consacrée aux voitures anciennes. Il s'agit d'un modèle 1927, reconnaissable à ses phares recentrés vers la calandre.
ATLAS : Voitures de Spirou n° 17  (2008)

La BMW 700 de QRN sur Bretzelburg est distribuée par Atlas. Miniature au 1/43e en métal et plastique, avec comme passagers Spirou et Switch (au volant).
ATLAS : Аutos de Tintin  (2003)

La miniature du cabriolet Lincoln Zephyr jaune de 1938, reproduite par Atlas dans sa collection des Autos de Tintin, est conduite par le capitaine Hadock, avec comme passagers Tintin et Milou.



De Agostini : Автолегенды СССР (réf. 13)   (8/2009)

La GAZ Tchaïka 13 a été reproduite maintes fois en miniature, y compris du temps de l'URSS. La miniature ci-dessus, en zamac et plastique, fait partie d'une importante Série "Presse" célèbre en Russie.
EDISON GIOCATTOLI  (réf. 29 - 2004)

Le Panhard VBL fut souvent modélisé; la marque française CEF Replex 43 (réf. 174) en donna la première reproduction au 1/43ème dès 1990. Le modèle ci-dessus provient d'une série "Presse" italienne de véhicules militaires éditée par De Agostini.